22ème Conseil des ministres de la COI

Vers une intégration économique renforcée

20 mars 2006

Les ministres des affaires étrangères de la COI ont tenu la semaine dernière leur 22ème session. À la clôture, la présidence de la COI a été transmise à l’Île Maurice, dont le ministre des affaires étrangères, Madan Murlidhar Dulloo, est désormais chargé d’impulser les projets des pays membres pendant un an. Le Conseil a fixé à 2009 le prochain Sommet de la COI.

La rencontre qui a commencé ses travaux jeudi 16 mars dans la salle du Congrès du ministère des affaires étrangères, sous la présidence du ministre malgache Marcel Ranjeva, a fait le bilan et l’évaluation des orientations et des actions impulsées par le 3ème Sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), tenu dans la capitale malgache en juillet 2005. Deux cents à trois cents personnes participent à chacune de ces sessions ministérielles : les membres du gouvernement du pays d’accueil, les délégations des pays membres, les parlementaires de l’océan Indien, les corps diplomatiques et les représentants des organisations internationales et régionales partenaires, telles le COMESA (marché commun d’Afrique australe), la SADC ou l’Union européenne. À la tribune siégeaient, aux côtés du ministre malgache des affaires étrangères, le Premier ministre malgache Jacques Sylla - qui a présidé la cérémonie d’ouverture - la secrétaire générale de la COI, Monique Andreas-Esoavelomandroso, le ministre comorien des affaires étrangères, Aboudou Soefou et le président du Conseil régional Paul Vergès, en qualité de chef de la délégation française, représentant le ministre de la coopération et de la francophonie.

Négocier avec l’Union européenne

Depuis le 3ème Sommet, dont la Secrétaire générale a rappelé l’importance pour son rôle de relance et de réorientation des projets et des missions de la COI, la coopération économique entre nos pays est recherchée sur des projets qui permettent de réaliser l’intégration de nos petites économies insulaires dans leur environnement régional - l’Afrique orientale et australe (AOA) - et dans l’économie mondiale. Lourde tâche, dont Paul Vergès a eu un avant-goût l’année dernière en exprimant la voix de la COI au Forum des Petits états insulaires en développement (PEID).
Cette spécificité de la COI lui est reconnue par les autres organisations de la région d’Afrique australe, constituant avec elle le groupe de l’AOA, dont la COI va présider cette année le comité interRégional de coordination (CIRC). Sous cette double responsabilité, la COI devra négocier avec l’Union européenne le 10ème FED et le programme indicatif régional avec les membres de l’AOA.
Toute cette organisation - qui peut paraître enchevêtrée - a son utilité pour poser, surtout entre des îles, les bases de réseaux d’actions communes et réunir les moyens de leur financement.

Le plus important financement

Dans le concret, la COI dispose d’un budget relativement modeste, dont l’utilisation pourrait servir de modèle à bien des organismes internationaux (voir encadré).
Le renforcement des capacités de veille et d’alerte est également au centre de la Convention internationale sur la Sécurité, impulsée par la présidence malgache et signée par Paul Vergès, pour renforcer notamment la coopération policière contre les trafics illicites.
Au cœur des missions de la COI, on trouve toujours la constitution de réseaux d’expertise et d’échange d’informations, la mutualisation de la formation, qui se traduisent dans des projets relatifs à la météo, la protection des végétaux, la surveillance des récifs coralliens, l’épidémio-surveillance des maladies animales. Un observatoire régional du VIH/SIDA est aussi en phase de démarrage.
Pour mener toutes ces actions, la nécessité de renforcer le Secrétariat général de la COI a été évoquée et débattue lors des deux journées de travaux. "Passer des intentions aux actes", comme le disait Paul Vergès dans son discours d’ouverture, permet de préparer l’avenir dans de nombreux domaines. Avec les perspectives ouvertes par le 10e FED, couvrant la période 2008-2013, le président de la Région Réunion a particulièrement souligné l’importance du projet pêche/aquaculture, "un défi extraordinaire et vital", a-t-il dit.
Parmi les autres décisions prises, deux concernent la jeunesse : c’est d’une part l’initiative de créer un Comité citoyen des jeunes de l’océan Indien, dont une première réunion se tiendra cette année ; l’autre projet en phase de lancement est une mallette pédagogique, ARPEGE, pour l’éducation à l’environnement.
Le Conseil des ministres a également pris note d’un projet de coopération universitaire - pour un Centre régional d’excellence multidisciplinaire - adopté par les Conseils du COMESA et de la SADC. C’est un autre exemple de mise en cohérence entre des projets d’origine diverse, la recherche de complémentarité se faisant dans ce cas précis avec le projet de réseau des établissements d’Enseignement supérieur et de Recherche, porté par la COI.

P. David


Convention de financement

Gestion durable des zones côtières

Dans le concret, la COI dispose d’un budget relativement modeste, dont l’utilisation pourrait servir de modèle à bien des organismes internationaux. Le budget 2005, incluant le Sommet des chefs d’Etat, a représenté à peine 1,5% du budget d’investissement ramené à un ratio annuel. Le budget de fonctionnement 2006, de 365.000 euros, est en augmentation de 13%, pour 80 millions d’euros de budget d’investissement sur des programmes pluriannuels (3 ou 4 ans).
Ces 80 millions d’investissement concernent une vingtaine de projets parmi lesquels il faut mentionner un projet régional pour la sécurité civile, visant à doter nos pays des moyens de réagir vite contre des catastrophes - naturelles ou provoquées par l’Homme.
La Convention de financement signée par la Secrétaire générale et la chef de Délégation de la Commission européenne à l’Île Maurice, Claudia Wiedey, porte sur la gestion durable des zones côtières et de leurs ressources pour les Comores, le Kenya, Madagascar, l’île Maurice, les Seychelles, la Somalie et la Tanzanie. Ce programme de 18 millions d’euros pris sur le programme indicatif régional du 9ème FED est un exemple de partenariat entre la COI et les organisations régionales partenaires - COMESA, EAC et IGAD. "Il s’agit là du financement le plus important jamais géré par la COI dont les activités s’étendront aux pays de l’Afrique de l’Est continental", souligne le communiqué de presse de clôture de cette 22ème session.

P.D.


Kofi Annan à Madagascar

Le Secrétaire général des Nations Unies était à Antananarivo en tournée africaine, au moment du Conseil de la COI. Il a reçu plusieurs distinctions, tel un titre de docteur honoris causa à l’université de Tananarive et la Grand-croix de 2ème classe de l’Ordre national malgache. Cette dernière distinction lui a été remise au Palais de Lavoloha jeudi soir à l’occasion d’un dîner donné par la présidence malgache, auquel étaient également conviés les chefs des délégations de la COI. On voit ici Paul Vergès, entouré de l’archevêque de Tananarive et de Eva Joly, ex-juge, aujourd’hui conseillère de diverses ONG nordiques dans la capitale malgache.
Le secrétaire général de l’ONU a appelé ses hôtes et convives à renforcer leur coopération pour la protection des ressources naturelles et de la biodiversité de notre région.

P.D.


An plis ke sa

Le programme Pêche
Le programme Pêche réalise exactement ce que peut être une stratégie de développement durable à l’échelle régionale : pour la protection de la ressource halieutique d’abord et pour aller vers la constitution d’armements nationaux, avec des effets positifs sur le développement économique et la création d’emplois, notamment dans l’agroalimentaire. La Réunion ne réalise que 3% des prises faites dans la zone, avec pour effet la création de 1.000 emplois. À l’île Maurice, ce sont 5.000 emplois que génère l’activité pêche.

Santé : "imaginer des réponses communes"
La situation sanitaire ne pouvait pas ne pas entrer dans les travaux de cette session qui a donné mandat à la Secrétaire générale de "développer, avec les responsables de la santé publique des Etats membres et les partenaires de la COI, notamment l’OMS, un projet de renforcement de la surveillance épidémiologique régionale", note le communiqué final de la COI.
"Il nous faut penser la santé dans l’océan Indien comme un tout et imaginer des réponses communes" a commenté Catherine Gaud, conseillère régionale, à l’issue de la rencontre.

COMESA - EAC - IGAD
COMESA : marché commun de l’Afrique orientale et australe. Son secrétariat est basé à Lusaka, en Zambie et de nombreux organes du COMESA sont répartis dans plusieurs des 20 états membres - EAC : Communauté d’Afrique de l’Est (east african community), dont le siège est à Arusha, Tanzanie - IGAD : autorité intergouvernementale pour le développement a son siège à Djibouti et réunit sept pays de la corne de l’Afrique.

P.D.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus