Atelier préparatoire de la COI aujourd’hui et demain à Maurice

Vers une stratégie régionale d’adaptation au changement climatique

4 juillet 2012

Six ans après la tenue à La Réunion à l’invitation de l’ancienne direction de la Région du séminaire sur le co-développement durable des iles de la COI, et plus de 10 ans après l’adoption de la proposition de loi de Paul Vergès faisant de la lutte contre l’effet de serre une priorité nationale et créant un Observatoire sur les effets du réchauffement climatique, l’initiative lancée par un Réunionnais réussit à devenir une cause prioritaire dans notre région avec l’élaboration d’une stratégie.

L’atelier sera le point d’orgue d’un travail entrepris dès 2010 par la COI afin de comprendre les vulnérabilités particulières de ses pays membres au changement climatique et de définir des priorités communes à ces Etats dans le traitement régional de cette question.
Une fois validée, la stratégie — véritable fil conducteur en matière d’adaptation au changement climatique — sera présentée en conseil des ministres de la COI pour y être entérinée. Elle cadrera de fait le travail régional de la COI dans les années à venir. De plus, son appropriation par les 5 pays membres de la COI devrait leur permettre de mieux intégrer la dimension régionale de la problématique “climat” dans la prise de décision et la mise en oeuvre de politiques d’aménagement et de développement.
A ce titre, l’adaptation au changement climatique deviendra un axe transversal majeur de la coopération régionale.

Contexte

En novembre 2008, partant du constat qu’aucune initiative structurée au niveau régional n’avait jamais été entreprise dans le domaine de l’adaptation au changement climatique, la Commission de l’Océan Indien (COI) lançait le projet Acclimate, à la demande de ses pays membres. Inscrit dans la continuité des projets météorologiques entrepris par la COI dès la fin des années 90, Acclimate vise plus spécifiquement à renforcer les capacités d’adaptation de la COI et de ses Etats membres au changement climatique et à façonner une gouvernance régionale sur le climat.
Dès 2009, Acclimate a initié la réalisation d’études fondatrices pour fournir des clés de compréhension et d’analyse du changement climatique dans la région, et identifier les défis et les enjeux majeurs de l’adaptation. Réalisée de 2010 à 2011, l’étude dite de "vulnérabilité des pays membres de la COI" a montré que ces États insulaires peuvent être considérés comme des "territoires sentinelles" des effets du changement climatique à l’échelle globale.
Cette étude a été conduite dans chaque État membre de la COI par un expert local et un expert international en consultation avec les différents acteurs et politiques nationaux. Ses conclusions ont été validées lors d’un séminaire régional participatif, et une hiérarchie des secteurs prioritaires a été établie à l’échelle régionale :
1. Gestion intégrée des ressources en eau
2. Préservation de l’environnement (milieux terrestres, milieux marins)
3. Planification, gestion des risques, infrastructures et urbanisme
4. Agriculture, sécurité alimentaire
5. Pêche
6. Santé publique, maladies à vecteurs
Des orientations ont été formulées afin de trouver des réponses régionales, nationales et locales et de mettre en oeuvre des actions appropriées. Elles permettent de donner un cadre partagé pour un futur plan d’actions d’adaptation.

Principes de la stratégie

La stratégie est inspirée par des finalités communes de développement durable. Les principes suivants ont guidé son élaboration :
• Consolider le processus d’adaptation tout en restant subsidiaire des politiques nationales.
• Développer la visibilité et la légitimité des pays de la COI auprès des instances internationales, afin de mobiliser davantage de ressources pour l’adaptation.
• Concilier autant que possible adaptation et atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
• Traiter de thèmes régionaux (par exemple : climatologie, santé, biodiversité, sécurité alimentaire...)
• Encourager la performance des politiques publiques "climat".
• Créer, maintenir et développer les interactions et réseaux d’échanges avec les espaces voisins de la COI.
• Prioriser les populations les plus vulnérables.
• Renforcer la solidarité entre les pays de la COI. Orientations de la stratégie
• Les orientations structurantes façonneront l’action régionale pour parvenir à une gouvernance climatique régionale. Elles amélioreront la connaissance, la compréhension et l’aide à la décision. Elles assureront un suivi et une évaluation des politiques publiques pour ajuster ou améliorer et rendre compte. Elles développeront la visibilité de l’espace COI dans les instances internationales.
• Les orientations transversales concernent l’ensemble des secteurs affectés par le changement climatique et s’exerceront via des pôles de ressources et des missions d’appuis entre pays.
• Les orientations sectorielles concernent les six secteurs d’activités retenus comme prioritaires et hiérarchisés pour le passage à l’action.

Dispositifs à mettre en oeuvre

Un observatoire régional du changement climatique

Sa finalité serait de produire des informations permettant une meilleure compréhension et des modèles de prévision des effets du changement climatique, à l’échelle régionale, nationale, et locale, dont pourront bénéficier les pays membres de la COI, voire également les pays voisins.

Sa finalité serait de disposer des ressources ad hoc pour mettre en oeuvre les actions, en favorisant les ressources existantes ou émergentes et la synergie avec les projets et actions intervenants sur tout ou partie du périmètre de la COI, tout en évitant de créer un dispositif additionnel parfois redondant. Il pourrait jouer le rôle de :

• Pôle d’information, de documentation et de communication

• Centre de conseil, d’expertise et de formation pour les décideurs publics et privés

• Centre d’expérimentation de solutions alternatives et de promotion des bonnes pratiques.

L’adaptation : une priorité pour les îles de la COI

Les pays membres de la COI sont tous particulièrement vulnérables au changement climatique.

Cette vulnérabilité est due à des raisons aussi bien physiques (forte exposition aux catastrophes naturelles, écosystèmes fragiles, espaces restreints…), que politiques et socioéconomiques : concentration de la production économique, de la population et des infrastructures sur le littoral, économies peu diversifiées, urbanisation rapide, faiblesse des capacités institutionnelles, économiques, scientifiques et technologiques, forte dépendance des populations aux ressources naturelles, etc.

Du fait du changement climatique, dont certains effets sont déjà nettement perceptibles dans le monde et dans notre région, les populations des îles de la COI vont devoir composer dans un plus ou moins proche avenir avec des phénomènes extrêmes plus intenses (cyclones, inondations, sécheresses…), à une salinisation des terres et des réserves d’eau douce, déjà limitées, à une propagation plus rapide des maladies infectieuses (paludisme, chikungunya, dengue…), à une accélération de l’érosion des terres agricoles sur les côtes et dans les bassins versants, aux glissements de terrains, au blanchiment des coraux.

L’impact de ces phénomènes sur nos secteurs économiques clefs comme l’agriculture, la pêche, le tourisme, et sur la biodiversité, déjà mise à mal par d’autres pressions d’origine anthropique comme la pollution, la destruction des habitats naturels et la surexploitation des ressources naturelles, pourraient être considérables.

De plus, il est attendu que le changement climatique continue de s’accentuer et, ce faisant, il en aggraverait encore les manifestations et il affecterait durablement l’environnement, l’économie, et les moyens de subsistance de nos populations — surtout les plus pauvres — menaçant ainsi l’équilibre fragile des États de la région, et conditionnant la pérennité de leur développement.

L’adaptation au changement climatique est donc pour les îles de la COI une priorité absolue. Elle nécessite la mise en place d’actions appropriées et – dans les pays en développement - un soutien important de la part de la communauté internationale.

Le projet Acclimate

A maintes reprises, les États membres de la COI ont affirmé leur volonté de lutter contre leur vulnérabilité et de s’adapter aux effets du changement climatique. La problématique transversale de la lutte contre le changement climatique a ainsi été intégrée progressivement aux actions, projets et programmes de la COI depuis une quinzaine d’année.

Faisant écho à la prise de conscience mondiale sur la gravité du phénomène et la vulnérabilité climatique particulière des Petits États Insulaires en Développement (PEID), la COI a renforcé sa mobilisation et a procédé en 2008 au lancement d’une initiative structurée d’adaptation au changement climatique.

C’est ainsi qu’Acclimate, premier projet de ce genre dans la région, a été mis en place pour :

• mieux comprendre les évolutions climatiques à l’échelle de la région,

• identifier les vulnérabilités aux impacts du changement climatique, et ébaucher une stratégie régionale d’adaptation efficace et porteuse d’opportunités de développement.

Le projet bénéficie du soutien financier du Fonds français pour l’Environnement Mondial (FFEM), du ministère français des Affaires étrangères et européennes (MAEE), de l’Agence française de développement (AFD) et du conseil régional de La Réunion. Il doit se terminer fin 2012.

Sa mise en place s’est faite en coexistence avec d’autres projets régionaux majeurs de la COI dans des domaines connexes de l’adaptation.

Essentiellement conçu autour du slogan "comprendre, informer, adapter", les principales réalisations d’Acclimate sont les suivantes :

• une analyse régionale des tendances climatiques,

• un inventaire des systèmes d’alerte aux catastrophes et risques naturels dans la région,

• un bilan régional de la vulnérabilité et de l’adaptation, aboutissant à l’élaboration d’une stratégie régionale d’adaptation.

• une contribution au protocole de gestion intégrée des zones côtières,

• des études de faisabilité d’une base régionale de données climatologiques, d’une simulation climatique régionale et des conditions de mise en oeuvre d’un projet de recherche régional sur le climat.

• des actions de formation, d’information, de sensibilisation et de communication.

Le projet a contribué à l’amélioration des connaissances dans ce domaine et à leur partage, ainsi qu’à la sensibilisation des publics. A cet effet, et outre ses actions susmentionnées, il a créé un site Internet d’information sur l’adaptation à destination des pays de la COI : www.acclimate-oi.net

La Commission de l’Océan Indien en quelques chiffres

• 5 États membres

• 23 millions d’habitants

• 52,3% de la population a moins de 20 ans

• 595.000 km de terres émergées

• 5,5 millions de km de zones économiques exclusives

• 10 projets (en cours) de coopération et de développement

• 12 millions d’euros mobilisés en 2011 sur un montant total de programme pluriannuels de 83 millions d’euros

• Plus de 65% des financements axés sur des projets de préservation de ressources naturelles

Créée en 1984 par l’Accord général de Victoria (Seychelles), la Commission de l’Océan Indien (COI) est une organisation intergouvernementale de coopération régionale qui regroupe cinq Etats membres : Comores, France/Réunion, Madagascar, Maurice, et Seychelles.

La COI s’est donné pour mission de resserrer les liens d’amitié et de solidarité entre les populations, et de bâtir des projets régionaux de développement durable, destinés à les protéger, améliorer leurs conditions de vie et préserver les ressources naturelles dont elles dépendent fortement. Seule organisation régionale africaine composée exclusivement d’îles, elle défend leurs intérêts insulaires sur la scène régionale et internationale, afin d’obtenir des mesures, des mécanismes et des financements appropriés.

Plateforme de coopération régionale, elle permet de mutualiser les ressources et les compétences pour mieux répondre à des problèmes souvent transfrontaliers. Elle contribue à structurer des réseaux régionaux d’hommes et de femmes pour partager des informations, des expériences et des bonnes pratiques, et ainsi tracer la voie d’un développement plus durable et solidaire.

Pour en savoir plus

... sur les activités du projet Acclimate et, plus largement, sur tout ce qui fait l’actualité de la lutte contre le changement climatique dans le sud-ouest de l’océan Indien et dans le reste du monde, rendez-vous sur : www.acclimate-oi.net
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