Paul Vergès en Inde

Viser le co-développement

21 février 2009, par Risham Badroudine

L’insertion de La Réunion dans son environnement régional fait l’objet d’un consensus. C’est une nécessité pour son développement. Au regard de l’évolution économique de l’Inde, il est aujourd’hui nécessaire de se rapprocher de ce pays dans une démarche de co-développement. Au début du 18ème siècle, l’Inde et la Chine représentaient chacune un quart de la production économique mondiale. En 1950, après deux siècles de colonisation britannique, l’Inde ne pèse plus que 3,8% du PIB mondial. Mais les progrès réalisés par ce pays depuis son indépendance, le 15 août 1947, sont considérables. Malgré la crise actuelle, le pays table sur une croissance économique de 7,1% l’an, alors que l’Europe entre en récession. Le PIB indien devrait dépasser celui de la France en 2020 pour devenir la troisième puissance économique mondiale en 2030, selon les économistes.

Au début du 18ème siècle, l’Inde et la Chine représentaient chacune un quart de la production économique mondiale. L’Europe, à la même époque, représentait le même poids. La différence se fera après la colonisation. En 1950, l’Inde pèse 3,8 %, la Chine 6% et l’Europe 30%. Les progrès réalisés par l’Inde après son indépendance ont été considérables même si encore 30% de sa population vit de nos jours dans la pauvreté. Sa croissance de 7% à 8% l’an devrait lui permettre de doubler le PIB de la France vers 2020 puis du Japon vers 2030, selon une étude de Goldman Sachs.

Économie du “savoir”

Les yeux du monde entier se tournent vers ce pays. L’Inde a réalisé d’énormes progrès technologiques. Le 28 avril 2008, une fusée de ce pays d’Asie du Sud met en orbite autour de la Terre 10 satellites de télécommunication. Un record ! Cette réalisation spectaculaire illustre le poids grandissant de l’Inde comme puissance économique tournée vers le futur, c’est-à-dire orientée vers le savoir. Les trois quarts du Produit Intérieur Brut (PIB) proviennent de secteurs d’activités typiques de l’économie du savoir. Parmi eux : les technologies de l’information, les biotechnologies, la médecine, l’électronique ou les énergies… Reconnue pour la qualité de ses mathématiciens et de ses informaticiens, l’Inde produit 500.000 ingénieurs par an. « La société indienne baigne dans une culture de la connaissance, explique Krishna Nigam, professeur au Département de génie chimique de l’Indian Institute of Technology (IIT) de Delhi. L’attitude générale est que les enfants devraient étudier le plus longtemps possible. Les enfants veulent étudier aux plus hauts niveaux et leurs parents veulent qu’ils fassent carrière comme médecins ou ingénieurs ».

En Inde se trouvent 80 des 117 entreprises mondiales de génie logiciel qui possèdent le niveau de maîtrise des processus d’ingénierie le plus élevé au monde dans leur domaine.
L’Inde est l’un de ces géants industriels en plein boom économique, où les besoins en énergie ne cessent de croître. L’Inde a été l’un des tout premiers pays à se doter d’un Ministère des Energies Nouvelles et Renouvelables (MENR) (1992). Destiné à promouvoir ces dernières, le MENR peut compter sur un potentiel immense.
Parcourue par les moussons, l’Inde dispose de ressources éoliennes exploitables estimées à 45.000 mégawatts (MW). Le soleil brille 300 jours par an, ce qui favorise l’essor des chauffe-eau solaires et celui des panneaux photovoltaïques (ces derniers permettent de transformer directement les rayons du soleil en électricité).
Enfin, l’agriculture reste la principale activité économique pour une grande majorité de la population, dont près des trois quarts vivent dans des villages. Cette situation offre de belles perspectives pour l’utilisation des déchets verts dans des unités de biomasse générant de la chaleur mais aussi de l’électricité. Le potentiel de la biomasse en Inde est ainsi estimé à 12.000 MW.

En une dizaine d’années, le sous-continent s’est couvert de milliers d’éoliennes et de panneaux solaires. La production d’électricité d’origine renouvelable a atteint 15 GW (hors grande hydraulique, comptabilisée à part et qui fournit 36 GW). D’ici cinq ans, 15 GW supplémentaires pourraient s’ajouter aux 15 GW existants. En effet, il est prévu d’accroître la taille du parc électrique indien de 100 GW d’ici 2012. Pour soutenir l’essor des renouvelables, le ministère a mis en place des mesures de soutien adaptées aux différentes filières. Il dispose pour cela d’un bras financier, l’Agence Indienne de Développement des Energies Renouvelables (IREDA), organisme public qui attribue des aides pour financer divers types de projets. Par exemple des prêts bonifiés (à taux inférieurs à ceux du marché) pour l’installation de parcs éoliens ou des subventions à l’achat d’équipements en énergie solaire.
Côté soleil, plus de 2,2 millions de mètres carrés de panneaux solaires réchauffent l’eau utilisée par les particuliers et les entreprises. Des fours solaires ont été installés dans le pays pour permettre la cuisson chaque jour des dizaines de milliers de repas à la vapeur dans la ville de Mount Abu, dans le Rajasthan, ou à Tirupati, dans l’Andhra Pradesh.

Ouverture sur l’extérieur de La Réunion

L’insertion de La Réunion dans son environnement régional fait l’objet d’un consensus. C’est une nécessité pour son développement. Actuellement, près de 70% de notre commerce s’effectuent avec l’Europe et en particulier avec la France. Cette situation n’a pas changé depuis près de 50 ans.
Aujourd’hui, il convient de saisir les opportunités offertes par le développement des échanges économiques à l’échelle mondiale et en particulier dans notre environnement géo-économique. La résolution des problèmes économiques exige l’extension de notre marché. Il s’agit essentiellement de mettre l’accent sur des accords de complémentarité entre notre île et les pays de l’océan Indien en accompagnant les entreprises dans une démarche de co-développement.

Risham Badroudine

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