Co-développement

Visite de James Bond, directeur de la Banque Mondiale à Madagascar

21 juin 2006

L’avenir de La Réunion ne peut plus se concevoir sans son environnement régional. Des initiatives de plus en plus concrètes et de plus en plus fréquentes de la Région sont prises, et c’est dans cette logique que Paul Vergès a invité James Bond, Directeur des Opérations de la Banque Mondiale pour la Zone Océan Indien et Afrique, basé à Madagascar. L’occasion de présenter les activités de la Banque Mondiale sur la Grande Île, le contexte de sa visite à La Réunion, ainsi que les perspectives économiques entre les opérateurs malgaches et réunionnais.

L’objectif de la visite de James Bond est qu’il se rende compte des capacités d’expertise dont dispose la Région Réunion. Lors de son séjour Monsieur Bond a eu à visiter et à échanger autour de la filière canne, la Route des tamarins, le problème des NTIC, les dessins animés, etc., à La Réunion.
"Il y a dans l’île une volonté nouvelle et un élan nouveau de co-développement avec Madagascar, car dans cette voie réside nos potentiels de développement durable et l’arrivée de la Banque Mondiale dans le cadre des interlocuteurs est un événement", a déclaré Paul Vergès. Parmi les acteurs économiques ayant participé à la réunion de travail de la matinée, il y a eu la SR21, l’ADIR, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat, la Chambre des Commerces et de l’Industrie. La mise en place de tous ces partenariats montre que le co-développement est au temps de la concrétisation.

Co-développement gagnant-gagnant

Ce qui intéresse la Banque Mondiale "c’est ce potentiel que Madagascar a d’accélérer son développement. Ce qui intéresse les Malgaches à La Réunion c’est l’accès au marché, le capital que représentent les entreprises réunionnaises, l’éducation... Et ce qui intéresse les Réunionnais, c’est la superficie fertile, la démographie (18 millions d’habitants soit 20 fois plus que La Réunion), son potentiel agricole, etc. En résumé, le co-développement doit être du gagnant-gagnant", selon James Bond. C’est dans ce sens que la Banque Mondiale œuvre de telle sorte que chaque pays s’intègre au développement de la zone.

Madagascar décolle

Madagascar, pour la première fois depuis 30 ans, décolle et en décollant, se transforme. Il n’y a dans la Grande-île que très peu d’infrastructures de route, très peu d’entreprises. Mais en même temps, des potentialités énormes avec par exemple, une superficie égale à celle de la France plus celle du Benelux, 18 millions d’habitants, des belles plages touristiques, et une biodiversité unique au monde. Selon James Bond, Madagascar est différente d’il y a quatre à cinq ans, et très différente en 2006 qu’en 2000 ou 2001 d’où l’opportunité de faire des liens de nature différente que ce qu’il y a eu jusqu’ici.

Mission économique en septembre

Le Président du Conseil régional a annoncé que le 11 septembre prochain, une mission économique de La Réunion sera conduite avec des interlocuteurs qui auront déjà préparé un projet concret. Par cette initiative, la Région veut faire l’illustration qu’il est possible d’œuvrer concrètement. Ainsi, les porteurs de projet qui accompagneront la mission n’iront pas prospecter, mais véritablement approfondir leurs projets, les sceller.

Mieux intégrer les Réunionnais

Les Réunionnais connaissent très peu Madagascar. "Il y a un gros flot qui va vers l’Europe ou Maurice. Il faut qu’on aille vers Madagascar. À La Réunion, on parle du sud sauvage, alors que c’est à 80 kilomètres. Si Madagascar n’était pas orienté Nord-Sud mais Est-Ouest, on irait à pied au Mozambique", affirme le Président Paul Vergès. Il continue : "dans 40 ans, Madagascar c’est 40 millions d’habitants soit la population de la France en 1939. On n’imagine pas ce que ça représente comme problème de voir grandir un tel État à ses côtés. Comment faire prendre conscience aux Réunionnais de cette réalité et des opportunités que cela représente. Rien que la demande de Madagascar dans tous les domaines fait que tout ce que nous avons comme diplômés ne suffirait pas ! C’est à côté de nous. Ce serait de la folie d’ignorer un tel phénomène. Comment se dire que notre avenir se joue là. Comment informer l’opinion, lui dire que la zone est bouillonnante." Le Président fait bien d’insister, il est plus qu’urgent que les Réunionnais s’intègrent réellement dans leur environnement géographique dans un élan de co-développement. Élan de co-développement relevant pour le moins du salutaire sur le plan de la conscience politico-identitaire.

Younous Ahamed


Réactions

o Éric Magamootoo, Président de la CCIR
"La visite de Monsieur Bond est intéressante parce que c’est celle d’un banquier. Donc de quelqu’un qui n’investit que dans du concret, dans du développement gagnant-gagnant. Les chambres consulaires s’intéressent depuis quelques mois à une intégration régionale. Et la question qu’elles posent de façon la plus accrue, c’est celle de la sécurité juridique."

o Giraud Payet, Président de la Chambre de Métiers et de l’Artisanat
"Vu l’étroitesse des marchés locaux, il faut faire en sorte que les entreprises aient un rayonnement régional. Aujourd’hui, il y a un certain nombre d’initiatives des entreprises locales de s’installer à Madagascar. L’enjeu est de taille."

o Wilfrid Bertile
"La Banque Mondiale est déjà intervenue sur le plan multilatéral dans l’Océan Indien."

o Françoise Delmont, Secrétaire générale de l’ADIR
"Un partenariat dans la zone existe déjà mais un signal fort comme la réunion de travail ayant réunis les acteurs économiques de La Réunion et la Banque Mondiale ne peut que le multiplier."


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