100 000 Réunionnais mal logés, jusqu’à quand ?

31 mars 2021, par David Gauvin

Alors que la crise sanitaire a fait basculer de très nombreux foyers dans la précarité tout en mettant en lumière les terribles enjeux liés au logement dans notre pays, le droit au logement est aujourd’hui menacé de toute part, aussi bien par la cherté des loyers que par la reprise prochaine des expulsions. Pendant ce temps la, la situation est toujours aussi critique à la Réunion.

Photo Toniox.

En 2016, les ménages réunionnais occupent 323 526 logements à titre de résidences principales. Depuis 2011, leur nombre progresse de 1,7 % par an. Moins de personnes vivent sous le même toit du fait du vieillissement de la population et de l’évolution des modes de cohabitation. De 2013 à 2035, 168 900 logements seraient à construire à La Réunion. Ces besoins sont liés pour les deux tiers à l’augmentation attendue du nombre de ménages. Si les tendances se poursuivaient, davantage de logements seraient à construire à la Cinor, à la Civis et au TCO (environ 40 000 pour chacune sur la période 2013-2035) qu’à la Cirest et à la CASud (environ 23 000 chacune).

La précarité dans notre Pays est encore immense, pour une population de 850 727 habitants, le taux de pauvreté est de 39 % contre 14 % à l’échelle nationale en 2015. Ainsi, La Réunion est le troisième département de France comptant le plus grand nombre de personnes vivant avec moins de 1 000 euros par mois. Le niveau de précarité conduit inévitablement à des difficultés d’accès ou de maintien dans un logement adapté, faute de revenus suffisants face aux coûts du logement, de l’alimentation, des transports et des autres dépenses essentielles pour subvenir aux besoins du quotidien. Dans ce contexte, la Fondation Abbé Pierre estime que plus de 103 790 personnes sont touchées par le mal-logement : sans-abrisme, difficultés d’accès et de maintien dans le logement, habitat indigne, blocages dans la mobilité résidentielle… le mal-logement est présent sous toutes ces différentes formes dans les 24 communes de l’île. Sur l’île, 36 000 logements ne sont toujours pas équipés en eau chaude, tandis que 6 000 n’ont ni douche ni baignoire à l’intérieur. Enfin, l’humidité sur les murs concerne 40 % des logements.

En cette période de grand trouble pour les ménages, la question du logement est particulièrement importante : alors que les mesures de confinement et couvre-feu se succèdent, celui-ci devrait être un véritable refuge pour les habitants. Pourtant, la réalité est bien différente : les loyers n’ont jamais été aussi élevés, les lois sensées protéger les locataires comme l’encadrement des loyers ne sont pas respectées et le logement social est attaqué sur tous les fronts. Face à ce constat sans appel, comment imaginer que les populations les plus modestes puissent accéder à un logement de manière pérenne ? Comment penser qu’un rapport de force sain puisse être maintenu entre les propriétaires et les locataires ? Comment trouver des solutions concrètes et efficaces à la crise du logement ? Les politiques publiques ne sont pas en adéquation avec l’urgence de la situation !

La politique du logement ne peut plus être déléguée aux autres. Nous avons besoin d’un pilotage Réunionnais de la politique du logement dans sa globalité, lutte contre le mal logement, rénovation et construction. Jusque-là les institutions dans leur ensemble ont failli, l’heure est à ouvrir un nouveau chapitre.

« Chaque fois que l’on refuse 1 milliard pour le logement, c’est 10 milliards que l’on prépare pour les tribunaux, les prisons, les asiles de fous. » Abbé Pierre

Nou artouv’

David Gauvin

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