26 multinationales pétrochimiques en accusation

1er février 2021, par David Gauvin

Le 25 janvier s’est ouvert au tribunal d’Evry le procès intenté par Trân Tô Nga contre 26 multinationales. Ce procès est le procès de l’agent orange et des crimes de guerres commis au Vietnam, Cambodge et Laos par l’armée américaine.

L’« agent orange » est le surnom donné à l’un des herbicides arc-en-ciel, plus précisément un défoliant, le plus employé par l’armée des États-Unis lors de la guerre du Viêt Nam entre 1961 et octobre 1971. Le produit était répandu principalement par avion au-dessus des forêts vietnamiennes ou sur des cultures vivrières, dans le cadre de l’opération Ranch Hand, elle-même issue du programme Trail Dust. Il a aussi été utilisé par les Américains au Laos et au Cambodge ou encore sur la zone démilitarisée séparant les deux Corées. Après 1971, les Américains évacuèrent l’essentiel de leurs barils stockés en Asie du Sud-Est vers l’atoll Johnston. Entre 1971 et 1972, toutefois, l’armée du Sud Vietnam continua à utiliser des défoliants.

L’agent orange est responsable de plusieurs maladies chez les militaires assurant sa dispersion mais surtout chez les civils et combattants vietnamiens évoluant dans les zones directement ou indirectement exposées. Cela est surtout dû à la présence de dioxine, une famille de molécules persistantes dans l’environnement et dont certaines sont cancérigènes. La stabilité de la dioxine, sa granulométrie, sa bioaccumulation lui confèrent un effet durable sur les habitants des régions touchées, occasionnant ainsi des cas de cancers ou de malformations à la naissance, des années après la fin des combats.

Des recours ont été déposé en réparation partout dans le monde. Tout d‘abord aux Etats-Unis ou les vétérans ont ressenti fortement les effets de l’agent orange. En 1984, les multinationales de la honte (Monsanto, Down Chemical…) ont signé un accord d’indemnisation au bénéfice des vétérans de l’US Army. En 2006, 20 000 vétérans sud-coréens font condamner les mêmes multinationales. Le canada a accepté d’indemniser ses vétérans en 2007. Les 15 et 16 octobre 2016, à La Haye, un « tribunal citoyen » examine les crimes de Monsanto : enfants malformés, agriculteurs malades ou ruinés, eaux polluées et sols détruits.

En plus d’être responsables de crime de guerre, ces multinationales ont distribué largement des dérivés de leur produit comme herbicide. Nous en connaissons un célèbre, le Roundup, produit le plus vendu dans le monde récemment interdit. Après avoir massivement contribué à détruire la moitié des terres arables du Vietnam et la moitié de sa forêt, ces multinationales ont détruit notre environnement en toute impunité. Même si depuis 1984, les effets nocifs sont connus, il aura fallu attendre 35 ans pour que ces produits soient interdit. Nous ne pouvons que constater que les dégâts sont immenses que ce soit pour la santé des agriculteurs que l’ont a formé à utiliser ces produits, mais aussi pour les sols et les nappes phréatiques. Il est plus que temps de changer de modèle.

« Nos vies valent plus que leur profit »

Nou artrouv’

David Gauvin

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