300 millions d’euros du Plan de relance confiés à la Région Réunion : don providentiel pour lancer la campagne de Didier Robert

24 octobre 2020, par Manuel Marchal

Dans le cadre du Plan de relance, la gestion d’une enveloppe de l’État d’un montant de 300 millions d’euros est confiée à la Région Réunion. A 6 mois de la date prévue des élections régionales, c’est un véritable trésor de guerre qui tombe du ciel pour Didier Robert, le président sortant. Ainsi, avec cet argent qui vient de Paris, le perdant des municipales de Saint-Denis peut lancer une nouvelle campagne de communication avec un objectif : s’imposer comme tête de liste aux régionales 2021 d’une « plate-forme de la droite » reconstituée.

Le JIR fait sa Une sur son interprétation d’une distribution d’une aide de l’Etat par un président de Région à 6 mois des élections régionales.

Dans son édito du jour, « le Journal de l’île » n’hésite pas à comparer ce qui s’est passé hier dans le Sud à un miracle. A croire que le vœu le plus cher de la direction politique de ce journal proche de la Région Réunion s’est réalisé : le généreux sponsor a rencontré hier les maires du Tampon et de Saint-Pierre scellant la réconciliation de personnalités présentées voici peu comme adversaire.
Le miracle n’est pas cette rencontre, mais bien les 300 millions d’euros du Plan de relance que Paris a décidé de confier à un président de Région adepte d’opérations de communication financées par de l’argent public pour se construire une popularité. C’est le cas des bons de réduction sur les billets d’avion qui atteignent un montant si généreux qu’ils peuvent permettre de voyager gratuitement pour aller en vacances en France, quitte à plomber encore plus les professionnels du tourisme victimes de la crise COVID-19.

Depuis 2010, la Région Réunion dirigée par Didier Robert avait également comme stratégie d’obtenir le soutien des maires. D’où un plan d’aide aux communes qui visent à distribuer des aides pour financer des investissements. La Région Réunion profite là de la crise financière des communes de La Réunion, encore rappelée par un rapport publié en décembre 2019 par deux parlementaires, Georges Patient, sénateur de Guyane et vice-président de la Commission des Finances du Sénat, et Jean-René Cazeneuve, député du Gers et président de la délégation aux collectivités territoriales. Asphyxiées par leur participation au traitement social du chômage, par une part plus élevée des dépenses de personnel et par la nécessité de continuer à construire de nouveaux équipements, les communes sont bien en peine de refuser l’aide de la Région Réunion.

Pourtant, cette politique clientéliste était mal engagée cette année. En effet, en raison de l’accumulation de 10 années de mauvaise gestion des fonds publics, la Région Réunion a été contrainte de présenter pour 2020 un budget en baisse de plus de 230 millions d’euros. Pour la première fois dans l’histoire de La Réunion, la part des investissements est minoritaire. Elle est retombée à son niveau de 2009, soit un recul brutal de 11 années, et donc un niveau d’investissement inférieur à celui qu’avait la Région Réunion quand Didier Robert s’est installé à sa présidence en 2010.
Dans ces conditions, il apparaissait difficilement tenable que des centaines de millions d’euros puissent être encore utilisés pour amadouer les maires dans cette période de pré-campagne électorale. La décision du gouvernement de confier à la Région Réunion la gestion de 300 millions d’euros de l’État au titre du Plan de relance change la donne. Cette manne miraculeuse arrive à point nommé pour lancer la campagne de Didier Robert. L’objectif est clair : s’imposer comme tête de liste d’une « plate-forme de la droite » reconstituée. Et pour arriver à cette fin, plusieurs dizaines de millions d’euros ont été engagés hier au Tampon et à Saint-Pierre.

Voilà comment se prépare donc une élection dans un département français appelé La Réunion. Il est de bon ton en Occident de critiquer les gouvernements africains qui détourneraient une partie de l’aide publique au développement pour servir leurs intérêts. Or, n’est-ce pas ce qui est en train de se passer à La Réunion, où l’aide publique au développement est utilisée en fonction des objectifs politiques d’une personne ?

M.M.

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