32 heures, semaine de 4 jours : leviers pour l’emploi et la croissance !

23 novembre 2021, par David Gauvin

De plus en plus d’entreprises sont soucieuses du bien-être de leurs salariés dans le but d’accroître leur productivité. Pour cela, certaines d’entre elles ont testé la semaine de quatre jours. D’après les testeurs, cette méthode d’organisation du temps de travail s’est avérée bénéfique tant au niveau de la productivité qu’au niveau organisationnel.

Photo Toniox.

Le niveau du chômage actuel n’est pas tenable, il menace la société dans son ensemble et entraîne dans une spirale infernale l’ensemble du salariat vers le moins-disant social (porté par le patronat) et la précarité. Les logiques de baisse de la rémunération du travail ne font qu’amplifier cette spirale et plomber la croissance économique. Dans une telle situation, l’un des leviers pour retrouver une croissance forte et durable est de réduire le temps de travail sans baisser les rémunérations. C’était déjà ce que préconisait le Commissariat au Plan en 1995 pour l’année… 2015 ! Les choix discrets de certains pays (Allemagne, Angleterre) ont été de réduire le temps de travail en précarisant le salariat, et sans maintien du salaire, notamment au travers du temps partiel subi. La phrase de Pierre Gattaz en dit long sur le sujet, lui qui est d’accord pour les 32 heures… payés 32 ! Ils ont bien noté que le passage aux 35 heures en France a contribué à la création de plus de 2 millions d’emplois entre 1998 et 2001.

Le principe de base de la semaine de quatre jours est de conserver le même salaire qu’avec la semaine de cinq jours mais en travaillant un jour de moins. Pensée dans les années 90 via le projet de loi Robien, les lois Aubry, sont venues abroger la semaine de quatre jours et banaliser la semaine de cinq jours. La baisse des cotisations sociales, la non compensation en nombres d’emploi, les blocages des salaires et de rémunérations ont dégradé les comptes de la protection sociale, retraite et sécu en tête, ainsi que les conditions de travail et ont fait perdre du pouvoir d’achat aux salariés. Ce sont ces erreurs qu’il ne faut pas reproduire ! Le vrai choix se pose donc entre réduction du temps de travail choisi, sans baisse des rémunérations, et temps de travail imposé avec baisse des rémunérations (c’est le cas par exemple du chômage partiel, du temps partiel, etc.). Dans le premier cas, il s’agit de maintenir le pouvoir d’achat, voire de l’augmenter pour les temps partiels, majoritairement des femmes victimes des inégalités salariales, de la précarité et du temps partiel subi.

Olivier Sales, fondateur de Love Radius, l’entreprise British Telecom, Claude Prigent CEO de Yprema, BaseCamp ou encore l’entreprise Néo-zélandaise Perpetual Guardian sous tout autant d’entreprises qui ont opté pour la semaine de quatre jours. Dans tous les cas, le bilan reste le même : une augmentation de cinq points de la productivité et une diminution de sept points du stress ressenti par les salariés. Depuis 1997, l’entreprise Yprema a opté pour organiser la semaine de quatre jours pour 80 % de ses salariés. Pour compenser la perte d’un jour de travail, la plage horaire de présence dans l’entreprise a augmenté. À contrario, l’entreprise Perpetual Guardian a fait le test pendant deux mois de proposer à ses salariés de travailler seulement quatre jours par semaine mais payé cinq. Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’entreprise n’a pas perdu au change, bien au contraire. Avec des salariés plus motivés et plus productif, l’entreprise n’a pas vu de différence sur l’aspect financier. En effet, en travaillant un jour de moins, les salariés ont dû trouver de nouvelles méthodes de travail et apprendre à mieux s’organiser afin de répondre aux objectifs de l’entreprise. De ce fait, moins de présentéisme, moins de temps passé à surfer sur le web et plus de concentration ont permis à ces entreprises de voir rapidement les bénéfices de la semaine de quatre jours.

Selon l’étude The Workforce View in Europe 2019 menée par ADP, 56 % des salariés interrogés affirment préférer travailler quatre jours au lieu de cinq. Pour ce faire, 78 % d’entre eux souhaiteraient agrandir leur plage horaire afin de conserver la même rémunération alors que 22 % choisiraient de diminuer leur temps de travail quitte à gagner moins. Toujours est-il que la semaine de quatre jours motive les salariés qui se disent être plus performant et avoir un meilleur équilibre vie professionnelle et vie personnelle. En effet, ceux pratiquant la semaine de quatre jours estiment avoir plus de temps pour se consacrer à leurs occupations personnelles. En d’autres termes, les entreprises ayant modifié le temps de travail au sein de leur structure ont toutes avoué ne pas vouloir revenir à la semaine de cinq jours. Si la majorité des travailleurs affirment préférer la semaine de quatre jours, tout n’est pas tout rose. Effectivement, même si la durée du travail est réduite ou aménagée, les tâches, les réunions et la quantité de travail ne diminue pas. C’est pourquoi, certains salariés se sentent plus soumis au stress et à la pression. De plus, ces derniers regrettent que la vision du travail n’ait pas autant eu de changements que prévus. Enfin, selon le secteur d’activité de l’entreprise ou sa structure il est parfois impossible de mettre en place une réforme aussi importante.

« Sur la réduction du temps de travail, des expériences ont été lancées en Espagne, avec 32 heures par semaine ou la semaine des quatre jours. Si je suis élu, je souhaite ouvrir des négociations sur le sujet avec les salariés et le patronat, branche par branche. On peut travailler moins mais travailler tous. Mon pacte, c’est la France des jours heureux. » Fabien Roussel

Nou artrouv’

David Gauvin

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