400.000 pauvres à La Réunion : de quelle démocratie parle-t-on ?

17 octobre 2018, par J.B.

C’est aujourd’hui qu’a lieu la Journée mondiale du refus de la misère. Une initiative d’ATD Quart-Monde sur le Parvis des Droits de l’Homme à Champs-Fleuri rappellera l’importance de lutter pour cette cause importante.

Cet événement prend en effet une dimension particulière à La Réunion. Plus de 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La dernière étude de l’INSEE sur la pauvreté a constaté que pour les personnes les plus gravement touchées, la situation s’est empirée. C’est une conséquence d’un système qui rejette la moitié des travailleurs dans la précarité, car il estime qu’il n’a pas besoin d’eux. Les conséquences sont bien évidemment dramatiques. Cela se traduit par une crise sociale et politique. Les élections qui se succèdent battent à chaque fois des records d’abstention. Elles soulignent que de plus en plus de personnes ne croient plus que ce régime peut apporter des solutions. Et il s’avère que les couches de la population les plus touchées par ce phénomène sont les jeunes et les pauvres.

La présidentielle et les législatives de 2017 ont en effet marqué un tournant. Car au premier tour, plus de la moitié des électeurs ont refusé de voter, alors que ces scrutins ne font pas habituellement l’objet d’une telle désaffection. Ceci fait craindre l’établissement d’un système où moins de la moitié des électeurs participeraient à la décision, ce qui automatiquement pose le problème de la légitimité des représentants issus de ces scrutins. D’où une question qui s’impose : de quelle démocratie parle-t-on quand un système abandonne la moitié de la population ?

En effet, l’histoire a montré que ce sont les pauvres qui sont les éléments moteurs du changement. Ce sont eux qui ont la capacité en se levant de faire éclater la superstructure qui veut figer une société dans les inégalités. Ce qui se vérifie quand ils arrivent à s’organiser. C’est clairement une menace pour les tenants de ce système structurellement inégalitaire. Cela amène à se demander si l’éloignement des pauvres de la décision politique n’est pas le but recherché par ce système, afin qu’une minorité choisisse au nom de tout un peuple ?

C’est une illustration supplémentaire du blocage du système en place, et de la nécessité de le dépasser.

J.B.

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