407 millions d’euros de subvention pour compenser des loyers trop chers

25 juillet 2020, par Manuel Marchal

407 millions d’euros : c’est la somme versée en une année aux familles réunionnaises bénéficiaires de l’allocation logement. L’allocation logement est une aide sociale, visant à aider une famille à payer son loyer si le montant est trop élevé. Autrement dit, cette somme doit correspondre à la différence entre la capacité contributive du locataire et le prix du loyer.

C’est une somme très importante, elle représente un peu moins de la moitié du budget 2020 de la Région Réunion par exemple, ou le tiers de celui du Conseil départemental. Elle signifie donc que ce décalage entre revenu et prix du loyer se produit donc très souvent. Sans cette allocation, de nombreuses familles ne pourraient donc pas se loger.

Ceci est une illustration supplémentaire de la crise que vit La Réunion. En effet, en considérant que le logement ne doit pas dépasser 25 % du budget mensuel, le montant maximal d’un loyer payé par une personne survivant avec le RSA ne devrait pas dépasser 125 euros. Or, force est de constater que le loyer des logements sociaux est nettement supérieur. Cela veut donc dire que pour qu’une personne ayant de faibles revenus puisse entrer dans un logement social, elle doit encore bénéficier d’une aide supplémentaire faute de quoi, elle ne pourrait pas y accéder.

Il est donc clair que le système de production de logements à La Réunion est en total décalage avec la réalité de la société réunionnaise, et qu’il ne peut fonctionner que parce que l’État vient compenser partiellement la dérive des coûts de production afin que ces logements puissent être loués. Cette subvention globale de plus de 400 millions d’euros n’est pas là pour encourager les bailleurs à baisser le prix des loyers, au contraire elle entretient ce système.

Les données sont pourtant connues depuis de nombreuses années. Il s’agit de rattraper un retard de près de 30.000 logements sociaux. Construire 30.000 logements qui peuvent être loués à moins de 150 euros par mois n’est pourtant pas une tâche insurmontable, sachant que la plupart des bailleurs sociaux à La Réunion sont contrôlés par des satellites du gouvernement français comme la Caisse des dépôts. Ce n’est qu’une question de volonté politique : agir pour le développement de La Réunion.

M.M.

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