500 Réunionnais disparaissent chaque année

25 juillet 2009, par LB

Hier, à la rubrique "faits divers", les deux autres quotidiens ont mis le doigt sur un phénomène social d’importance. « Chaque année, environ 500 Réunionnais, fugueurs compris, sont portés disparus », nous dit "Le Quotidien" relatant la découverte, lundi à la Bretagne (Saint-Denis), du squelette d’un jeune du quartier disparu depuis cinq ans.
"Le JIR", quant à lui, se fait l’écho de l’immense douleur d’une famille portoise. Depuis cinq ans également, l’un des leurs, 23 ans à peine, a disparu au cours de son jogging matinal sur le front de mer. Au moment de sa disparition, ce jeune « était en proie à un état dépressif ».

Ces informations sont révélatrices d’un problème social d’une grande ampleur : chaque année 500 Réunionnais disparaissent sans laisser de trace. Une à deux personnes par jour ! Dix fois plus que le nombre de tués sur nos routes, c’est considérable ! Comment pourrions-nous traiter ces faits par l’indifférence ? D’autant que, souvent, ces disparitions sont l’aboutissement — tragique parfois — d’une souffrance mentale insuffisamment prise en compte, parfois même niée.
Ces chiffres sont à rapprocher de ceux des tentatives de suicide à La Réunion : une dizaine par jour. Et on ne parle là que de la partie visible de cet iceberg du désespoir, dont la partie invisible est constituée des souffrances de milliers — voire dizaines de milliers — de Réunionnais déprimés, malheureux, car privés de travail. De ce fait, ils n’ont pas les moyens de vivre décemment. Confrontés à l’impossibilité de donner un sens à leur vie, certains d’entre eux finissent par désespérer de l’existence.

Réduits, souvent depuis des années, à des conditions de survie, nombre de ces laissés-pour-compte d’une société cheminant vers une barbarie “ordinaire”, recherchent l’oubli, un certain plaisir, l’étourdissement des sens que procure "l’effet" de la drogue, de l’alcool, des médicaments, voire le mélange des trois, avec toutes leurs conséquences négatives. Enfin, à force de s’entendre dire, dans les faits, qu’ils ne sont “rien”, certains iront au bout de leur anéantissement. S’évader une fois pour toutes.
Pour nous tous, communistes et non-communistes, mettre fin à des drames d’une telle ampleur, vécus au quotidien par tant de nos compatriotes et de leurs proches, doit être l’une des priorités d’une véritable politique de développement durable. Comment prétendre promouvoir une telle politique si, dès le départ, nous nous résignons à ce que la pauvreté casse, dévaste autant d’êtres humains, nos semblables ? S’attaquer aux causes de ce fléau — pauvreté, chômage, inégalités sociales et culturelles — voilà l’urgence. Mais, simultanément, s’impose la prévention de ces malheurs par l’extrême attention qu’il faut accorder à ces personnes en souffrance. Là encore, nous n’y insisterons jamais assez, l’indispensable grand service public d’aide à la personne doit être mis sur pied sans plus attendre.

L. B.


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