À côté de la plaque

20 mai 2011, par Geoffroy Géraud-Legros

Micro-évènement lors de la visite de Marie-Luce Penchard : pour une fois, l’itinéraire officiel de la ministre du CIOM n’intégrera pas de visite rituelle en terre tamponnaise. Sans doute la mairie à deux têtes de la capitale des Hauts n’a-t-elle plus en réserve ni annexes d’annexes d’écoles à visiter, ni pied de bois à inaugurer. Ou peut-être craint-on, parmi les organisateurs, qu’il y ait un peu de remous si la voyageuse s’aventure du côté de l’Université, que l’on s’apprête à fermer pour des raisons, paraît-il, de rationalité économique.
Cet écart de protocole sera sans doute bien la seule chose remarquable à ressortir de cet énième saut dans notre île. Sauf miracle de dernière minute, la ministre devrait repartir de la même manière que ceux qui l’ont précédée depuis le Conseil interministériel de l’Outre-Mer. C’est-à-dire bien reposée, après un voyage passé à "bat karé" et à faire de la promotion électorale, aux frais de la princesse.
Certes, il est bel et bon que Mme Penchard aille voir ce qu’il se passe du côté de Royal Bourbon et du bœuf péi. Mais comme le dit un vieil adage, c’est à l’accessoire de suivre le principal et là, manifestement, le principal n’y est pas. Le principal, ce sont les problèmes essentiels des Réunionnais, que le gouvernement et le chef de l’État, réunis dans les formes les plus solennelles, se sont engagés à résoudre en novembre 2009, nommant d’ailleurs à cette fin Marie-Luce Penchard.
À cette dernière, on ne demande ni la lune ni l’impossible. On lui demande de répondre à des problèmes concrets par des solutions concrètes. Par exemple, la ministre est-elle capable de soulager la pression qui pèse sur les consommateurs, et d’obtenir du préfet la juste baisse de 5 centimes que lui demandent les associations de défense des consommateurs, dont l’ARCP de Jean-Hugues Ratenon ? Daignera-t-elle donner un semblant de commencement d’exécution aux promesses faites en matière de logement, dans un contexte où la pénurie pèse d’un poids plus étouffant que jamais sur les familles les plus démunies et sur les collectivités ? En respectant les engagements formulés, Marie-Luce Penchard aurait l’occasion de se démarquer des misérables manipulateurs qui, on l’a vu à Saint-Paul, poussent les plus faibles à bout, et se réclament, rappelons-le, de la sensibilité politique qu’elle représente.

Autre question brûlante : les étudiants du Sud risquent d’être privés d’une université qui, depuis son ouverture il y a quinze ans, a permis l’ascension sociale de toute une partie de la jeunesse du Sud et le désenclavement de cette partie de l’île. Un choix totalement absurde, qui prive d’une infrastructure d’éducation dans la micro-région qui, précisément, connaîtra l’accroissement démographique le plus significatif dans les années qui viennent. Là encore, Mme Penchard a l’opportunité de montrer que les protestations d’engagement de son gouvernement en faveur de la formation outre-mer sont autre chose que du bla-bla-bla. Mais ne rêvons pas : inutile pour tout le monde — sauf sans doute pour les comptes de campagne de l’UMP —, ce nouveau déplacement tombera, une fois encore, à côté de la plaque.

G.G.-L.


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