À Mayotte et à Paris, le gouvernement incapable de faire respecter l’état de droit

16 juin 2016, par J.B.

Mardi 14 juin, les syndicats ont annoncé plus de 1,3 million de participants aux manifestations contre la loi El Khomri, dont près d’un million à Paris. Même si le gouvernement n’est pas d’accord avec ces chiffres, il peut constater que la mobilisation dure depuis 3 mois et qu’elle ne retombe pas. Des grèves ont toujours lieu dans des secteurs stratégiques. Le combat est porté dans les entreprises, notamment par l’ouverture de bureaux de vote par les syndicats pour permettre aux travailleurs de donner leur position sur le projet de loi Travail. Les premiers dépouillements sont clairs : la majorité veut le retrait du texte.

Mais le succès de cette mobilisation n’a pas amené le gouvernement à changer de position sur la loi El Khomri, au contraire. La manifestation de mardi à Paris a en effet été émaillée d’affrontements en marge du cortège. L’hôpital Necker a subi des dégradations. C’est un établissement accueillant principalement des enfants. Les images des dégâts, abondamment diffusées ont suscité la ferme condamnation de la CGT, et aussi une grande émotion. Le gouvernement s’est donc aussitôt saisi de l’occasion pour tenter une fois de plus de diviser le front syndical en s’en prenant publiquement à la CGT. Le Premier ministre a déclaré que des manifestations à Paris ne seraient plus autorisées si la sécurité des biens et des personnes serait menacée. Il a ciblé ses attaques sur la CGT. Plus tard dans la journée, le président de la République a abondé dans le même sens.

Pourtant, comme le rappelle le syndicat, les services de police connaissaient l’itinéraire de la manifestation. Les dégâts perpétrés en marge du défilé montrent donc que l’État a failli dans sa tâche. Il n’a pas fait respecter le droit, ce qui est de sa responsabilité. C’est en effet l’État qui doit assurer la sécurité des biens et des personnes.

Plus près de nous, c’est la même situation. À Mayotte, l’État a laissé faire des expulsions et des incendies de maison alors que ces actions étaient annoncées par écrit plusieurs jours à l’avance. Les conséquences de cette faillite sont dramatiques pour les victimes de ses exactions, contraintes de vivre dans un camp de réfugiés improvisés sur une place publique.

Dans un cas comme dans l’autre, le gouvernement n’a pas fait respecter l’état de droit. Mais ses déclarations au lendemain de la mobilisation sont très graves, car il rend un syndicat responsable de ce qui relève de la compétence de l’État, et menace d’interdire les manifestations. Ce nouveau virage à droite ne va pas apaiser les tensions sociales.

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