A quand des jours fériés pour acter la concorde réunionnaise ?

2 avril 2021, par David Gauvin

Aujourd’hui, les catholiques célèbrent le vendredi saint. C’est un jour important au sein de la semaine sainte, mais il n’est pas férié en France. Ce jour nous permet de nous interroger sur les jours fériés, et leur signification. La France en reconnait 11 auxquels il faut rajouter la fête Réunionnaise de la Liberté (Fét Kaf).

Nous avons d’abord le premier groupe : les fêtes religieuses chrétiennes. Le jeudi de l’Ascension, la fête de l’Assomption, la Toussaint et Noël sont fériés à la suite de l’arrêté du 29 germinal, an X (19 avril 1802) découlant du Concordat, reconduit par la loi de séparation des Églises et de l’État du 9 décembre 1905, article 42. La loi du 8 mars 1886 ajoute le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte (ces lundis ne sont pas des fêtes liturgiques en eux-mêmes, mais des jours de repos consécutifs, qui datent du gouvernement républicain de Charles de Freycinet ; la fête religieuse a, quant à elle, lieu le dimanche correspondant). Le lundi de Pentecôte a perdu son caractère de jour de repos en 2004 au titre de la Journée de solidarité envers les personnes âgées ; mais est redevenu chômé en 2008. Il est souvent imposé aux salariés pour des raisons d’organisations, qui voient ainsi ce jour déduit de leur stock de jours de RTT en contrepartie, à moins de le récupérer avec une autre journée de travail supplémentaire.

Le deuxième groupe comprend les fêtes civiles.
1er janvier, Jour de l’an, nommé également « Nouvel an » : ce jour devient férié sous le 1er Empire par avis du Conseil d’État du 23 mars 1810.
1er mai, fête du Travail : ce jour est, en premier, déclaré jour chômé le 23 avril 1919 en même temps qu’est ratifiée la journée de 8 heures. Pétain la change en « fête du Travail et de la Concorde sociale » en en faisant un jour férié, chômé et payé. L’instauration de ce jour commémorant les luttes de travailleurs n’aboutit qu’avec la loi du 30 avril 1947 (jour chômé et payé), modifiée par celle du 29 avril 1948 (« fête du Travail").
8 mai, fête de la Victoire, commémoration de la « capitulation sans condition » (à ne pas confondre avec un armistice) de l’Allemagne nazie mettant fin à la Seconde Guerre mondiale en Europe. Déclaré jour férié de commémoration, en France, le 20 mars 1953, le caractère férié est supprimé par le président Charles de Gaulle en 1959. Par la suite, le président Giscard d’Estaing supprime également la commémoration en 1975. Ce n’est qu’en 1981 que la loi rétablit le jour férié commémoratif sous la présidence de François Mitterrand.
14 juillet, fête nationale française, commémoration de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 qui célébrait la prise de la Bastille l’année précédente. C’est sous la Troisième République que ce jour devient la fête nationale par la loi du 6 juillet 1880.

11 novembre : armistice, jour anniversaire de l’armistice de 1918 mettant fin à la Première Guerre mondiale et de commémoration annuelle de la victoire et de la paix, journée d’hommage à tous les morts pour la France.

Les jours fériées ont une raison historique, symbolique ou religieuse. Mais on peut se demander la pertinence du lundi de Pâques ou le lundi de pentecôte. Ce ne sont pas des fêtes religieuses. Ils ont été faits fériés par un gouvernement qui n’a tenu que du 9 janvier 1886 au 5 décembre 1886. Ces deux jours pourraient être accordés aux différentes composantes de notre peuple, avec par exemple le nouvel an tamoul ou l’Aïd el-Fitr, Eïd al-Kabīr ou encore le nouvel an lunaire. La Réunion est riche de ces diversités, et il est temps de le reconnaitre même dans notre calendrier. De même, la date du 19 mars qui met fin au joug colonial a autant d’importance pour le peuple Réunionnais que le 11 novembre. La Réunion doit se tourner vers l’avenir, mais avant cela elle doit se réconcilier avec son passé. Et la symbolique des jours fériés est un pas important.

« Christ aussi a souffert, et ce une fois pour toutes, pour les péchés. Lui le juste, il a souffert pour des injustes afin de vous conduire à Dieu. Il a souffert une mort humaine, mais il a été rendu à la vie par l’Esprit. » 1 Pierre 3.18
Bonnes Semaine Sainte à tous les Réunionnais Catholique

David Gauvin

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