A quoi sert la politique ?

31 août 2020, par Philippe Yee-Chong-Tchi-Kan

Vendredi le gouvernement brésilien a décidé de durcir les conditions d’accès à l’avortement pour les victimes de viol.

Je comprends, et j’accepte, qu’on défende le « droit à la vie » d’un enfant à naître. Je reconnais que, au-delà de considérations religieuses, chacun ressent comme aggravant un crime commis sur une femme lorsque cette dernière est enceinte. Signifiant ainsi la valeur qu’on accorde à ce futur être. Mais la primauté à la vie revient à la femme qui existe et non à l’être hypothétiquement à naître. Ceci est un principe pour lequel tant de générations de femmes (et d’hommes) se sont battues. Un jour, peut-être, notre société sera tellement idéale que personne ne songerait à interrompre une gestation. Mais, aujourd’hui, l’avortement est une nécessitée faite droit. Et ce droit à l’avortement est particulièrement sensé dans le cas de grossesse non désirée ; comme ça l’est, notamment, en cas de viol.

Le Brésil a adopté des procédures pour dissuader les victimes de viol d’avorter. Le personnel médical a désormais l’obligation de proposer à la femme de voir l’embryon ou le fœtus par échographie. En plus de cette procédure destinée à traumatiser une personne déjà victime, la femme désirant avorter devra également “raconter en détail” le viol qu’elle a subi, et elle devra prouver ses dires sous peine de poursuites judiciaires !

Ces mesures ont été prises après un avortement très médiatisé : celui d’une enfant de 10 ans, violée par son oncle. L’année dernière, c’était en Argentine qu’une fillette de 11 ans n’avait pas été autorisée à avorter suite à un viol, malgré 8 demandes officielles. Elle a subi une césarienne à 5 mois de grossesse pour que le personnel médical puisse tenter de sauver le fœtus.

Ailleurs, non seulement l’avortement est interdit pour des raisons religieuses, mais les victimes de viols sont contraintes d’épouser leur agresseur.

Ceux qui se désintéressent de la politique doivent y voir une leçon : qui fait les lois ? Les politiques. Choisissons les bien. Ne laissons pas les autres choisir pour nous.

Philippe Yée-Chong-Tchi-Kan

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