Abandon de responsabilité

5 juillet 2012, par J.B.

Hier et aujourd’hui, l’île Maurice accueille un atelier préparatoire de la Commission de l’océan Indien. Il s’agit de comprendre la vulnérabilité des îles aux effets du changement climatique, et de « définir des priorités communes à ces États dans le traitement régional de cette question ».
L’objectif est d’aller vers une stratégie régionale d’adaptation au changement climatique. Sur la lancée du Sommet Rio+20, les pays de la COI veulent avancer et manifestement ils ne vont pas nous attendre alors que jusqu’en 2010, La Réunion était en pointe dans ce combat.

Rappelons qu’en mai 2008, notre île a accueilli à la Région un séminaire sur le co-développement durable des îles de la COI. Cette rencontre avait préfiguré une stratégie régionale dans deux aspects : l’atténuation du changement climatique et l’autonomie alimentaire. Pour cela, il avait notamment été proposé de s’appuyer sur les avancées réunionnaises pour imaginer comment arriver à l’autonomie énergétique de notre région.
Deux mois plus tard, les acteurs de ce séminaire, auxquels se sont joints à 400 représentants de plus de 40 pays, ont participé à la conférence de l’UICN intitulée "l’Union européenne et l’Outre-mer : stratégies face au changement climatique et à la perte de la biodiversité". Au terme de 5 jours de débats, la conférence adoptait le "Message de La Réunion", et Paul Vergès proposait que d’ici 2050, toutes les îles atteignent l’autonomie énergétique. Ainsi nous serions les éclaireurs d’un monde nouveau.
L’année suivante au sommet de Copenhague, une forte délégation réunionnaise comprenant notamment Paul Vergès, les parlementaires Élie Hoarau et Gélita Hoarau, et Younous Omarjee, rencontrait le président du GIEC pour lui présenter le projet réunionnais d’autonomie énergétique pour 2025. La responsabilité de La Réunion était confortée dans son rôle d’éclaireur d’une nouvelle société, ce qui était d’ailleurs reconnu dans de nombreux pays. Mais il n’a suffi que de quelques mois pour tout remettre en cause.

Ainsi lors du Sommet de Rio+20, La Réunion a brillé par sa discrétion. Les pays de la COI y ont tenu une rencontre informelle sans la présence d’un Réunionnais. C’est un ambassadeur français qui parlait au nom de La Réunion.
Encore plus révélateur est un événement médiatique organisé aujourd’hui. C’est en effet l’Agence française de développement qui a la responsabilité de faire le bilan de la participation de La Réunion à la conférence des Nations Unies sur le développement durable. Son directeur tiendra la conférence de presse, « en présence » d’un vice-président de la Région. Cela s’apparente à un abandon de responsabilité que toutes les gesticulations médiatiques du président de Région ne pourront pas camoufler. Voilà qui montre bien qui décide.

J.B.


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