Accentuer le débat sur la pauvreté.
lundi 30 novembre 2020, par
L’actualité de la semaine écoulée a été riche en articles sur la pauvreté dans tous les médias ; le mouvement a été alimenté par 2 rapports : celui du Secours Catholique le 12 novembre 2020 et de celui de l’Observatoire des Inégalités, le 26 novembre 2020. Entre-temps, le Président de la République a annoncé une prime exceptionnelle pour les pauvres (excluant les célibataires sans enfant de moins de 25 ans et les allocataires de l’AAH) mais pas d’augmentation des minimas.
La prime de 100 à 150 euros a été versée le 27 novembre par la CAF. Une simple enquête aurait montré que ce "coup de main" a été absorbé par la consommation. Il ne reste ni épargne ni fonds de roulement. Le nouvel an peut arriver au son des pétards mais la condition du pauvre n’a pas changé. Ainsi va, ce genre d’intervention qui relève du mépris de classe. Il faut donc accentuer les débats sur la pauvreté afin de couvrir de honte celles et ceux qui se drapent dans la bonne conscience tricolore.
La pauvreté est un phénomène complexe à La Réunion. Elle est structurelle, c’est à dire liée à notre économie néo-coloniale et à notre retard de développement. Elle nécessite une mise à plat de l’ensemble pour trouver un accord général sur de nouvelles normes sociales. L’urgence climatique et sanitaire nous offrent l’opportunité d’avancer des hypothèses de travail sur le long terme. Mais nous ne pouvons pas demander à un pauvre ou un chômeur d’attendre…de se suffire d’un colis alimentaire ou bien d’élire un homme ou une femme providentielle.
Tous les chefs d’Etat, dont la France, ont signé les Objectifs du Millénaire pour le Développement Durable, en septembre 2015, à l’ONU, pour la période 2015-2030. L’éradication de la pauvreté est la priorité des priorités. Il nous reste 10 ans pour réussir. Actuellement seule la Chine a annoncé la prouesse pour un pays de 1,4 milliard d’habitants, le 23 novembre. C’est la preuve que c’est possible.
Les Collectivités qui s’engagent dans une nouvelle mandature ne peuvent plus ignorer la situation. L’Insee a même réalisé une cartographie des quartiers pauvres. Il suffit d’une volonté politique pour inscrire l’éradication de la pauvreté dans les orientations budgétaires. Chaque jour qui passe est une journée de trop pour une personne pauvre et abandonnée sous le seuil de pauvreté. Qui va relever le défi de la dignité humaine en terre réunionnaise ?
Ary Yée Chong Tchi Kan