Angle d’attaque

9 septembre 2005

Mercredi soir sur le journal télévisé du service public et dans la presse écrite hier, il a été question d’un fait divers tragique : la découverte du cadavre d’un bébé dans le bassin du Parc boisé du Port.
On se doute bien qu’un tel drame puisse susciter des réactions chargées d’émotion de la part des personnes interrogées par nos confrères. Malgré tout, est-ce une raison pour privilégier uniquement l’émotion comme angle d’attaque, et passer sous silence la détresse terrible vécue par la personne qui a fait ce geste ?
Car, si on suit cette émotion, et si on écoute les appels au comblement du bassin, qualifié de “lac maudit”, pourquoi alors ne pas casser les ponts d’où se jettent les désespérés ? pourquoi ne pas combler aussi le Gouffre de L’Étang-Salé, lieu de tragédies répétées comme en témoignent les croix que l’on trouve sur le bord ? Voilà où l’émotion peut amener.
La macabre découverte de mercredi est là pour nous montrer l’état de détresse et de solitude extrême vécue par nos compatriotes. Peut-on imaginer la souffrance dans laquelle on se trouve pour être amené à vouloir dissimuler le corps d’un bébé dans ce lieu public ?
Cette souffrance est bien réelle, et elle est malheureusement trop souvent le lot quotidien de Réunionnais en ce début de 21ème siècle. Alors pourquoi ne pas tenter de changer d’angle d’attaque, et privilégier l’éclairage de l’opinion sur les raisons qui poussent à de tels gestes ?

Manuel Marchal


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