Au-delà de l’émotion

20 septembre 2007, par LB

Que d’émotion, en apprenant ce crime horrible commis avant-hier au Tampon par un ex-détenu contre son ancienne épouse et deux jeunes enfants. On éprouve la même tristesse chaque jour en apprenant tous les “faits divers” dans les médias.
Le problème, c’est que rarement on s’interroge sur les sources de ces drames, voire tragédies. Et encore moins sur les moyens de prévenir les violences exprimées par les auteurs ou complices de ces événements pénibles.

Or, comment éviter ces malheurs quotidiens si l’on ne s’attaque pas à toutes les raisons et au contexte à l’origine de ces violences ? Comment empêcher des faits douloureux si l’on ne s’occupe pas de leurs causes, multiples et diverses ?
Prenons le cas de la consommation d’alcool et d’autres drogues, qui figure parfois dans les explications d’un déchaînement de violence. On sait qu’une telle consommation, aux effets néfastes, est presque toujours le résultat et l’expression d’une souffrance.

Lorsqu’une personne sombre dans la délinquance voire la criminalité, sans vouloir la disculper, son comportement est généralement le fruit d’un parcours individuel marqué par des traumatismes et des difficultés de toutes sortes. Pourquoi une des priorités politiques n’est-elle pas d’aider toute personne en difficulté au lieu de laisser s’aggraver cette pathologie dans un cadre de violences sociales à base de précarité, d’inégalités et d’oppressions de toutes sortes ?
Lorsqu’une telle personne se retrouve en prison, que font les services publics pour l’aider à se réinsérer dans une société équitable ? Au-delà de l’émotion devant les “faits divers”, agissons donc pour construire une société différente d’une jungle où les riches imposent leur violence aux effets désastreux.

L. B.


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Messages

  • Bonjour à vous,

    Oui. Une trés forte émotion, surtout quand cela ravive des souvenirs douloureux. Oserais je le dire ? De la rage même. A me couper net l’appétit aux infos TV de la veille : Un bébé, en guise d’entrée, haché comme de la viande. De l’horreur à l’état brut. Puis la nuit. Longue et agitée. Au sommeil introuvable.

    Un bémol pour ma part : Ma tristesse différe selon si je lis qu’un voleur s’empare du bien d’autrui, ou si je découvre l’incroyable égarement où peut être conduit un être humain perdu et isolé. J’éprouve immédiatement de l’empathie pour le second, afin de tenter de comprendre, quand je souris, plutôt, parfois désabusé, au larcin du premier (quoique, pas toujours).

    Oui. S’attaquer aux causes, multiples, de ces tragédies. Les énumérer, à défaut peut être de pouvoir toutes les identifier. La polytoxicomanie, les traumatismes de l’enfance, le milieu éducatif, la précarité affective, associés à la fragilité, et à l’instabilité, qu’induisent ces facteurs, peuvent faire éclore ce dramatique enchainement des faits. Et cela dit sans excuser la part de responsabilité de la personne, actrice à part entière, dans le déroulement.

    Il y aurait, semble t il, comme un dépassement, certes de limites sociales, mais aussi de soi. Une forme d’identification dans le geste, qui m’apparait trés proche d’un désir de se réaliser enfin. Ou du moins de percevoir une forme de son identité (faussée) sous cette expression. Et comme si un poids immense de tensions et de non-dits, devaient ainsi, ce jour là, par une alchimie inconnue de la décision, s’exprimer, avec d’autant plus de violences, que d’efforts à avoir comprimé tout cela, au plus profond de son moi. Ces êtres souffrent, c’est une évidence. Un minimum d’attention positive permet de l’apercevoir parfois. Mais pas toujours, je crois.

    Quelles sont les responsabilités sociales ? Publique, lorsque les services sont informés. Privée, lorsque les liens familiaux ont perdurés. Plus ou moins bien. La carence est souvent grande sur ce point. Je ne suis pas certain cependant, que toutes ces personnes nous soient visibles, au quotidien. Nous en croisons peut être tous les jours. Les proches sont plutôt surpris en général, du moins par la soudaineté.

    Quelle est la responsabilité humaine ? La prise de conscience que toutes nos relations sont fugaces, car même les plus beaux mariages sont séparés par la mort. Les liens que ces personnes créent, sont si passionnels, que la peur de la séparation devient l’obsession, et le retour à la case départ, insupportable. La douleur de ne pas avoir compris la même chose, lors la naissance des sentiments, crée comme une disjonction mentale, un fil coupée, un shéma imaginé détruit, avant peut être, que l’esprit ne soit envahi par une pulsion irrépressible, de tout stopper, en l’état, par le pire qui soit, inerte et irrémédiable, le décès d’une personne, dont l’intégrité des choix a totalement été ignoré.

    Comment prévenir ? Je crois profondément aux valeurs éducatives, pédagogiques, pour nos plus jeunes, et si nécessaire, andragogiques, pour les adultes. Notre société réunionnaise a bondi considérablement en une génération, bousculant bon nombre de références anciennes et référentes, perturbant les équilibres, les rapports entre les générations, avec l’intrusion d’une multitude de nouveaux acquis, et nos bases familiales sont ébranlées, pour une partie de la population, qui a été décrochée du wagon de la modernité, du progrés social, et surtout malheureusement, larguée sur le bord d’chemin de l’emploi, et donc de la dignité par rapport aux autres mais aussi pour soi, pour sa propre image. L’alcool ne permet qu’un semblant d’existence, de fénoir et de colère. Le terreau social est parsemé de parcelles à l’abandon, mais inconnues, car la dernière et légitime des dignités est de ne pas dévoiler son extrème désarroi. Malheureusement.

    Mais pour autant, surtout, je crois, ce qui est important, c’est de ne pas pratiquer l’omerta, dans ce genre de dérapages : Il ne s’agit pas de juger la société réunionnaise. Pas de fausse susceptibilité. ce sont les actes d’un Homme, terribles, mais il est essentiel de faire le distinguo, entre les actes et l’Homme. Les premiers peuvent être empreints d’inhumanité, peut être, mais le second reste et demeure toujours une personne éminemment humaine, même si parfois, nous avons à reconnaitre la souplesse et l’élasticité de cette définition.

    Bien à vous,
    Jean Salim

    Voir en ligne : Au-delà de l’émotion


Témoignages - 80e année


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