Au-delà du sirop

21 avril 2005

Un lecteur a réagi à notre éditorial d’hier matin en citant l’article I-3-3 du projet de traité constitutionnel pour justifier son soutien au “oui” : “L’Union œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein emploi et au progrès social, et un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement. (...) Elle respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique, et veille à la sauvegarde et au développement du patrimoine culturel européen”".
À partir de là, notre lecteur estime que cette Constitution ne serait pas un recul de civilisation, comme nous l’affirmons.
Nous regrettons de devoir lui dire ceci : soit il se laisse abuser par tout le “sirop” qui entoure ce texte ; soit il n’a pas lu attentivement cet article ; soit encore il n’a pas lu les autres articles de ce projet indiquant clairement les objectifs réels de ses promoteurs.
Il est logique que les classes possédantes en Europe ne disent pas ouvertement qu’il s’agit pour elles de doter l’Union européenne d’une loi fondamentale leur permettant avant tout d’augmenter toujours plus leurs richesses.
Il suffit pourtant de lire l’article I-3-2, qui précède celui cité par notre lecteur et qui annonce que le "marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée" fait partie des "objectifs" fondamentaux de l’UE. On ne peut mieux sacraliser le libéralisme économique. Tout le reste est secondaire.
D’ailleurs, dans le propre article cité par notre correspondant, les belles proclamations sont démenties par la priorité donnée au caractère "hautement compétitif" des économies, qui se traduit dans le système libéral par la course au profit maximum.

L. B.


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