Bijî Rojava !

6 juin 2020, par Mathieu Raffini

En vert et rouge sur la carte, le Rojava est la partie syrienne du Kurdistan.

Né en 2013, le projet politique original du Rojava, aussi connu sous le nom de Kurdistan syrien est actuellement fortement menacé par les invasions turques.
En effet, alors que le peuple kurde avait vaillamment obtenu l’autonomie de son territoire en combattant successivement le régime syrien puis les forces de DAECH, les repoussant hors de Syrie, le régime turc n’a de cesse de vouloir diviser le Rojava en occupant de façon unilatérale des pans entiers de son territoire, qu’il s’agisse de la région d’Afrin ou de celle de Tell Abyad, frontalières de la Turquie.
Sur ces invasions, nous n’avons aucune réaction des puissances occidentales, ces dernières ayant de fait validé le plan de l’Etat Turc en retirant leurs troupes stationnées sur place (pour les États-Unis).

Ces occupations posent deux questions : quelles sont les craintes de l’Etat turc vis-à-vis du peuple kurde et quel est le projet politique porté au Rojava ?

En réalité sur le premier point la réponse est relativement simple. La Turquie refuse de reconnaître les minorités en son sein. Cela explique notamment l’absence de reconnaissance du génocide arménien sur ses terres en 1915-1916, et aujourd’hui le traitement du peuple kurde.
En effet, le peuple kurde est un peuple sans État, présent principalement dans quatre pays : dans l’Est de la Turquie, au Nord-Est de la Syrie (le Rojava), au Nord de l’Irak et à l’Ouest de l’Iran. Il a été partout été victime de fortes répressions, voire de tentatives d’éliminations.
Dès lors, le fait qu’une partie du peuple kurde puisse obtenir son autonomie et développer un modèle politique original est considéré comme une forte menace envers l’Etat Turc, et tout est fait pour que ce modèle ne puisse pas continuer et se répandre aux autres composantes du Kurdistan.

Le projet politique porté au Rojava est quant à lui singulier et progressiste.
En effet, il s’agit du confédéralisme démocratique, prôné par Öcalan, théoricien kurde détenu par la Turquie depuis 1999.
Ce modèle, basé sur la mise en place de conseils et d’assemblées sur l’ensemble des territoires, des villes aux villages en passant par les quartiers, a pour but de mettre en place une démocratie directe sur l’ensemble du territoire kurde, et ce peu importe les frontières imposées par les États.
Le confédéralisme démocratique porte également d’autres valeurs.
Ce qui ressort le plus à l’international est la question du féminisme, car les femmes ont un réel rôle au sein du Rojava, étant en tous points considérées et organisées comme étant égales aux hommes.
L’écologie est également un des fondements du projet politique du Rojava, car « une société ne peut pas être démocratique envers les minorités ethno-religieuses ou être vraiment progressiste en matière de genre si elle ne peut d’abord et avant tout démontrer un respect intégral et profond pour notre terre commune ».

Pour toutes ces raisons, et alors que la menace d’une invasion totale du Rojava par la Turquie se fait de plus en plus présente, proclamons le haut et fort, que vive le Rojava et le peuple kurde !

Mathieu Raffini

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