Bourbon Bois : lutte exemplaire contre un système qui pille les richesses des Réunionnais

19 septembre 2018, par J.B.

Cela fait plus d’une semaine que les travailleurs de Bourbon Bois sont en grève pour empêcher la faillite de leur entreprise en raison de sa gestion. Rappelons que selon les éléments d’une expertise réalisée par un cabinet indépendant mandaté par le Comité d’entreprise, l’étude de la comptabilité de Bourbon Bois fait apparaître d’importants transferts financiers, plus de 12 millions d’euros, de l’entreprise réunionnaise filiale du groupe GLV, vers d’autres sociétés de ce groupe. De plus, Bourbon Bois avait réalisé 23 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2017. Autant dire que l’entreprise est viable, car pour compenser la suppression de l’APL accession, une des recettes principales de Bourbon Bois, la mobilisation des syndicats a permis d’obtenir de la Région le financement de plus de 500 dossiers d’APL accession, dont 134 concernent directement Bourbon Bois, ce qui fait que l’activité doit être assurée jusqu’à la fin de l’année 2019.

Mais au lieu de présenter une feuille de route, la direction veut fermer le site de Saint-Pierre en regroupant l’activité au Port, et a présenté un plan de licenciement, dit PSE, à la DIECCTE, pour supprimer 44 des 62 emplois, autant dire que la voie vers la fermeture est recherchée. Pour faire entendre leurs revendications, les travailleurs se sont mis en grève. Ils sont soutenus par l’UR974 et la CFDT. Mardi dernier, ils avaient obtenu de la sous-préfecture un soutien à une demande prioritaire : la nomination d’un administrateur judiciaire à la tête de Bourbon Bois en lieu et place du dirigeant actuel. Mais ceci n’écartait pas la menace du plan de licenciement.

La réponse est venue lundi de la DIECCTE qui a refusé d’homologuer le PSE. La lutte continue, dans l’attente de l’arrivée de l’administrateur judiciaire à la tête de l’entreprise.
La bataille menée par ces travailleurs réunionnais rappelle les conséquences d’une tendance de fond : la déresponsabilisation des Réunionnais à cause de la prise de contrôle de l’économie du pays par des groupes extérieurs. Bourbon Bois n’est en effet que la filiale d’un groupe dont le centre d’intérêt n’est pas La Réunion. C’est contre ces patrons qui viennent acheter des sociétés réunionnaises en raison d’un cadre fiscal favorable, et qui veulent les fermer quand les lois changent que les syndicats se sont mobilisés. Gageons que la lutte des travailleurs de Bourbon Bois puisse dynamiser une prise de conscience pour la responsabilité des Réunionnais, car qui mieux que les Réunionnais sont capables de développer La Réunion. A condition bien sûr que les Réunionnais puissent avoir le droit de décider ce qui est bon pour eux, notamment dans l’économie de leur pays.

J.B.

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