Café, vanille, ananas ces opportunités que nous ne savons pas faire fructifier

29 septembre 2021, par David Gauvin

La Réunion c’est la canne mais pas que. Depuis ces dernières années des productions agricoles à haut niveau de rentabilité ont fait leur place dans le marché mondial.

Qui aurait dit que la Réunion serait reconnue mondialement pour son café. Pourtant la culture du café avait été stoppé sur l’île. Le café Bourbon fut produit pour la première fois au début du xviiie siècle à La Réunion. Plus tard, il fut amené par les Français sur le continent africain et en Amérique latine, ce qui lui a permis de devenir l’un des deux arabicas les plus cultivés au monde, l’autre étant le café Typica. Le Skybury australien est lui-même une variété du café Bourbon, tout comme le Bourbon pointu, désormais le café le plus cher au monde. C’est également le cas du Mundo novo, un cultivar robuste et productif obtenu par croisement avec une variété de Sumatra. Les producteurs se sont organisés « en » cela soutenu par une demande constante venue du Japon.

La vanille est une production connue ici. Comme dans beaucoup de domaine, les Réunionnais ont été les précurseurs de la production et les découvreurs des modes de culture et de maturation. On parle de la fertilisation de la fleur par Edmond Albius, mais aussi la maturation de la gousse par la méthode Loupy. Aujourd’hui, la famille Lechnig a mis au point la vanille bleue qui est très prisée et reconnu mondialement. Là aussi la demande internationale est très forte, à un point ou beaucoup de producteur voit leur récolte achetée sur pied avant la maturation. Elle bénéficie d’une indication géographique protégée depuis 2021. Cette dernière permet de la distinguer parmi les vanilles Bourbon, lesquelles portent l’ancien nom de l’île dont elle est originaire mais proviennent en fait de tout le Sud-Ouest de l’océan Indien, en particulier de Madagascar. La production s’étend sur huit communes de La Réunion entre Sainte-Marie et Saint-Joseph.

L’ananas Victoria quant à lui trouve sa place dans les produits nobles de notre Pays. Originaire d’Amérique du Sud, l’ananas (de « nana » qui signifie « parfumer » dans la langue des Indiens guaranis) fut introduit en Europe par Christophe Colomb. La variété Victoria, considérée comme la meilleure du monde avec son goût particulièrement fruité et sucré, a été introduite sur l’île de La Réunion en 1668. Rapidement l’ananas adore notre île, la plante y retrouve son climat tropical d’origine. Au cœur de l’océan Indien, sur des terres volcaniques au sol riche et fertile, l’ananas devient le roi des fruits. Ou plutôt, la Reine (on hésite) car on le baptise Ananas Victoria, en hommage à la Reine d’Angleterre qui en raffolait. L’ananas Victoria produit à la Réunion bénéficie depuis 2006 d’un Label rouge. Respectant un strict cahier des charges et les normes européennes, il est le seul ananas au monde à avoir ce label, ce qui permet de le distinguer des ananas Victoria produits à l’île Maurice. Face à la concurrence (Afrique du Sud, Maurice, Madagascar), il est admis que l’ananas de la Réunion se démarque par sa qualité supérieure. Il est devenu un produit d’export recherché et source de revenu substantiel pour les producteurs.

Ces productions reconnus ouvrent la voie à d’autres productions d’exception qui sont en cours de développement ou de réintroduction. On trouve pèle mêle les cabosses (dont les grains donnent le chocolat), le thé, les baies roses, le géranium. A l’origine de tout cela, nous trouvons le CIRAD. C’est à dire un centre de recherche. Notre Pays n’a jamais su protéger son savoir-faire et ses inventions. Comment se fait-il que les planteurs réunionnais ne profitent pas du fruit des recherches. Quasiment toutes les variétés de canne utilisées dans le monde ont été créé ici. La filière serait-elle en crise si elle touchait une redevance d’utilisation comme les pomme « Pink Lady ». Là se trouve l’avenir de l’agriculture, un mix entre canne qui permet d’avoir des revenus réguliers, maraichages pour nourrir la population et remplacer les importations, et culture de niche à haute valorisation financière pour la plus-value de l’exploitation. Les Réunionnais ont du talent et de l’inventivité, l’administration Française beaucoup moins.

« Ce qui se passe en ce moment avec l’agriculture en France, c’est un énorme plan social, le plus gros plan social à l’œuvre à l’heure actuelle, mais c’est un plan social secret." Michel Houellebecq

Nou artrouv’

David GAUVIN

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