Campagne sucrière : triple peine pour les planteurs

14 septembre 2018, par J.B.

Dans un communiqué diffusé hier, la FDSEA alerte sur une nouvelle panne à l’usine de Bois-Rouge :

Les semaines se suivent et toujours la même situation à Bois Rouge. Hier (mercredi - NDLR) nous avions eu quelques soupçons concernant les difficultés de Albioma et l’information vient de tomber l’ensemble des centres de réception de l’EST seront fermés à 11H00. D’après Bois Rouge il reste 8000 tonnes à broyer. Au vue de la situation il n’y aura plus de livraison d’ici la fin de la semaine. C’est toujours des difficultés pour les planteurs en effet, les mois qui arrivent se sont les plus difficiles « chaleur, fort ensoleillement et pluie ». Nous attendons un effort du côté usinier pour réceptionner toutes les cannes. Frédéric Vienne dénonce cette situation de dépendance à un seul acheteur de nos cannes et pointent les limites de la filière sous cette forme. »

Cette année, les planteurs subissent une triple peine. Ce sont tout d’abord les conditions climatiques qui font craindre la campagne sucrière la plus désastreuse depuis 40 ans, avec une perspective de moins de 1,6 million de tonnes de canne à sucre récoltées. C’est ensuite l’absence de bonus lié à l’intéressement sur le prix de vente du sucre cette année car le cours de ce produit est en dessous du seuil qui déclenche ce paiement par l’industriel Tereos. Enfin, ce sont les pannes de l’usine qui se multiplient et qui sont autant de pertes de revenu pour le planteur, car les cannes déjà coupées et attendant plusieurs jours pour être livrées ont une valeur marchande inférieure que si elles avaient été réceptionnée à la date prévue par l’usinier.

Il est à noter que dans la filière canne-sucre, ce sont les planteurs qui supportent l’essentiel du coût de ces aléas. Tereos pourra toujours compenser le manque de sucre cette année à La Réunion par la production de ses autres usines dans le monde. Pour honorer ses commandes d’alcool, il aura toujours la possibilité d’importer de la mélasse comme matière première de ses distilleries. Autrement dit, en cas de problème, Tereos a des marges de manœuvre. Le planteur n’en a aucune, car si une usine de Tereos est en panne, il ne peut pas livrer sa canne ailleurs. C’est ce monopole que dénonce la FDSEA. Dans ces conditions, toutes les actions des planteurs pour sortir de ce monopole et trouver de nouveaux revenus tirés de leur canne à sucre sont à encourager. N’oublions pas que les fondateurs des usines sucrières à La Réunion étaient des planteurs, à eux d’être les fondateurs d’une nouvelle industrie.

J.B.

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  • Quand les planteurs se décideront enfin à faire du sucre, soit, mais BIO ? En attendant, il n’y a pas que le sucre (qui provoque le diabète, mais ça personne n’en parle, des ravages sanitaires graves, c’est sur), qu’il faut promouvoir de manière propre, respecteuse de la terre, c’est aussi le maraichage, le café, le chocolat, de luxe en priorité car il faut savoir qu’il y a la demande, et qu’à la fois, l’île de la Réunion ne concurrencera jamais les grands du secteur comme le Brésil, la Côte d’Ivoire, l’Asie. Faut pas rêver. Par contre, les niches de luxe, là oui, je pense que c’est possible, associé à la vanille, voilà du changement, au lieu de ce sucre qui empoisonne les sols avec tous ces insecticides qu’on balance, les maladies qui en découle, la pollution qui finira tôt ou tard à la mer en plus des plastiques (barquettes, pailles, conton-tiges, couverts, gobelets, emballage, bouteilles...) qu’on y jette, sans respect. Acheter le dernier N° du journal hebdomadaire "le 1" qui justement, aborbe cette problématique. Arthur qui en a marre de voir toute cette pollution "choisie" et personne qui ne réagit ! C’est triste pour l’avenir, vraiment.


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