Chiffre à méditer

26 décembre 2005

Un chiffre rendu public la semaine dernière par un organisme officiel a été “skwizé” par les médias : selon le rapport du Comité de prévention de la torture (CPT) du Conseil européen, qui dénonce la surpopulation carcérale à La Réunion, le taux de délinquance dans notre île (45 pour mille) est inférieur à celui de France (63,55 pour mille en 2004).
Ce chiffre, s’il doit nous inciter à la réflexion, devrait surtout amener ces mêmes médias faisant commerce des “faits divers” à plus de discernement dans l’analyse de la réalité. Bien sûr, la délinquance existe aussi ici ; mais le Réunionnais n’est pas ce “délinquant en puissance” qu’on nous présente et La Réunion est certainement moins terre de délinquance qu’ailleurs.
Une performance d’autant plus à noter que le taux de chômage est au moins trois fois plus élevé chez nous que dans l’hexagone, que les inégalités de revenus sont beaucoup plus grandes ici et que le peuple réunionnais a subi des traumatismes terribles durant les trois siècles de son histoire : esclavage, engagisme, régime colonial, surexploitation, déstructuration culturelle, tentatives de division, répressions, fraude électorale institutionalisée, discriminations de toutes sortes...
Cela signifie qu’envers et contre tout, les Réunionnaises et les Réunionnais ont su trouver en eux la force pour supporter autant que possible tous ces chocs et résister à cette violence sociale. Une véritable performance.
Comme dit José Macarty, président de la Coordination de la Semaine créole, dans la revue “Mélanzé”, "malgré le “chabouk” et la souffrance, nous avons réalisé cette “performance” de créer l’unité à partir d’éléments multiples voire contradictoires". Et d’ajouter avec raison : "les solutions de notre avenir résident (notamment) dans la poursuite de ce processus de créolisation au travers de fertilisations croisées, synonymes de performances".

L. B.


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