Chik, cas d’école

3 février 2006

En dehors de la catastrophe qu’elle représente pour La Réunion, l’épidémie de chikungunya a au moins un “mérite” : celui de mettre cruellement à nu l’insuffisance des moyens dont dispose notre pays pour faire face à une situation somme toute normale, celle d’un pays du Sud et donc exposé à toutes les pathologies ou virologies tropicales. Cette crise montre les énormes retards que nous avons accumulés - du fait des gouvernements successifs - en termes de structures, d’équipements et de personnels dans le domaine sanitaire et social.

Ainsi, nous ne disposons d’aucun d’organisme de veille sanitaire suffisamment performant pour détecter et suivre une telle calamité. Nous n’avons pas les moyens de recherche médicale et de prévention nécessaires pour bien connaître et combattre les causes d’un tel fléau. Une grande partie de la population n’a pas les revenus suffisants pour se protéger de la maladie et pour supporter les coûts des soins. Nous n’avons pas les moyens de choisir et de contrôler les produits insecticides répandus dans la nature pour éliminer les moustiques. Nous n’avons pas les moyens d’assurer l’accompagnement - y compris psychologique - des malades les plus fragiles atteints par le virus. On pourrait multiplier ainsi les constats.

Cet éclairage dramatique sur notre retard structurel en matière de protection sanitaire - un vrai cas d’école - doit nous rappeler que les carences accumulées sont encore plus considérables dans d’autres domaines, comme ceux de l’aménagement du territoire ou de l’enseignement.
C’est pourquoi il est plus qu’urgent de mettre à plat tout ce dont souffre La Réunion en termes d’inégalité collective. Une question essentielle avant que n’entre vraiment en application la phase 2 de la décentralisation.

L. B.


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