Comment Narenda Modi prépare l’opinion à légitimer son alliance avec Israël

19 août 2015, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Le Premier ministre Indien vient de boucler une visite de 2 jours à Dubaï. C’est probablement l’une des plus importantes de son début de mandat. Il s’est adressé à la diaspora Indienne et lancé un appel à contrer le terrorisme.

Narenda Modi vient de réaliser son 25e déplacement en 15 mois de mandat. A peine venait-il de terminer son discours le jour de l’Indépendance, à Red Fort, il prit la direction de Dubaï, une place forte et clinquante de l’économie mondiale. Comme d’habitude, il invita les Emirats Arables Unis à venir investir massivement en Inde. Il estime le potentiel des besoins à 1000 milliards. Très réactifs, ses interlocuteurs lui ont proposé un fonds d’investissement de 75 milliards de dollars pour commencer.

Cependant, il faudra retenir son meeting à l’International Cricket Stadium, devant 50 000 personnes. Que ce soit au Japon, en Chine, aux Etats Unis ou en France, il s’adresse toujours aux ressortissants Indiens ou bien aux descendants des anciens émigrés Indiens. Il a précisé sa conception quand il s’est adressé aux Réunionnais, depuis Paris : “l’Inde pense à vous sur la base de notre ADN, pas sur la couleur de votre passeport”. Des officiels français présents dans l’assistance, avaient même applaudi. Preuve qu’on nage en pleine confusion. A Dubai, le contexte est encore plus “indien”. Ce sont plusieurs millions d’indiens qui sont allés trouver du travail dans cette région où ils se sont installés. Modi compte sur ce public pour soutenir l’Inde comme super-puissance politique mondiale, plus encore en Asie du Sud et dans son pré-carré l’Océan Indien. Ses visites à Maurice, au Seychelles ainsi que sa visio-conférence avec les Réunionnais montrent qu’il accorde à nos petits pays la même importance. Tout est affaire de stratégie globale.

C’est d’ailleurs, à Dubaï, qu’il a profité pour préciser son projet politique extérieur. En résumé : donnons-nous la main pour faire échec collectivement contre le terrorisme. Il note qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais terrorisme. Il faut se mettre autour de la table et dialoguer car la violence n’est bonne pour personne. A l’évidence, il prépare son déplacement au Pakistan. En juillet, dernier, en marge du sommet de l’OCS (Organisation de Coopération de Shanghaï) à Oufa, en Russie, il avait eu un entretien avec le Premier ministre Pakistanais, Nawaz Sharif, qui l’a invité à Islamabad, en 2016. Cette annonce avait soulevé beaucoup de réactions critiques en Inde quand on connaît les relations historiques entre les 2 voisins. Le Pakistan est accusé de soutenir des actes terroristes sur le sol Indien.

Mais, à Dubaï, il a surtout voulu signifier à la communauté internationale son ambition de hisser l’Inde parmi les grands du Conseil de Sécurité qu’il a exhorté publiquement à définir ce qu’est un état terroriste. Il aura l’occasion de le préciser soi-même car il se rendra en visite officielle, en Israël, à la fin de l’année, le pays le plus honni de la planète.

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