Continuer de faire semblant ?

13 août 2009

Les résultats des évaluations des élèves de CM2 ont donné les résultats suivants :

En français, les enfants ont eu à répondre à 60 questions, la moitié d’entre eux a donné 33 bonnes réponses ou plus.
Les résultats se décomposent ainsi :

Acquis 100 enfants
Solides 32%
Bons 28%
Fragiles 24%
insuffisants 16%

Versant lumineux de la situation : à l’issue du CM2, soit après 3 années de scolarisation en maternelle et 5 années d’école élémentaire, à l’âge de 10-11 ans, 60% des enfants se “débrouillent” donc assez bien, bien, voire très bien en français.

Versant nettement moins heureux : au terme du même parcours scolaire, 40 enfants sur 100 maîtrisent mal, voire pas du tout le français.

Au moment où ils vont entrer dans le secondaire, ces pré-ados vont, en même temps que vont survenir les troubles de la personnalité, endurer les angoisses liées à la puberté. 40 enfants sur 100 vont devoir supporter la conscience de leur propre échec.

Peut-on se satisfaire de ce résultat ?

Que nul ne se trompe, il ne s’agit pas ici de faire le procès des enseignants. Nous avons déjà dit et répété que nous faisons à chaque enseignant, qu’il soit ou non natif de La Réunion, le crédit d’avoir la même ardente volonté de bien faire et la même passion d’enseigner. Et combien il doit être désolant, au terme de tant d’années de constater que 40 enfants sur 100 entrent au collège ainsi handicapés.

« D’accord, rétorqueront certains, ils éprouvent des difficultés en français, mais ils pourront toujours se rattraper en mathématiques ».

En mathématiques, les enfants ont eu à répondre à 40 questions, un quart d’entre eux a donné 19 bonnes réponses ou plus.

Acquis 100 enfants
Solides 23%
Bons 24%
Fragiles 23%
insuffisants 30%

Ainsi, au terme de la scolarité élémentaire, 53% des enfants ne parviennent pas à maîtriser les règles de base des maths.

Seraient-ils donc génétiquement nuls en maths, ces enfants de La Réunion ?
Sûrement non. Alors, il convient de s’interroger et même de remettre en cause le chiffre de 28% d’enfants ayant de “bons acquis” en français. Car si 53% des enfants ont des acquis fragiles, voire extrêmement fragiles en maths ne serait-ce pas d’abord et avant tout parce qu’ils ne comprennent pas les énoncés des questions qui leur sont posées ? Ils peuvent déchiffrer, prononcer les mots, mais sans en comprendre le sens. Cette incompréhension a pour synonyme l’illettrisme.

Confrontés à de tels résultats, on réagit ou bien on continue de faire semblant en disant que tout ne va pas si mal après tout ?

Jean Saint-Marc


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