Cyclone : les élus hors course

4 février 2013

Dumile et Felleng sont partis. Les médias et les politiques constatent les dégâts qu’il faut panser. En attendant le prochain épisode, on paye. Jusqu’à quand ? Ces cyclones nous ont surtout légué d’intéressantes leçons. Serions-nous capables de les reconnaître et d’en faire bon usage ?

Concernant les dégâts, c’est du classique : pertes économiques, perturbation scolaire, dégradations routières, coupure d’eau et d’électricité, dommages aux particuliers. D’un cyclone à l’autre, les débats sont les mêmes, avec plus ou moins d’intensité selon l’ampleur des conséquences (comme pour le franchissement de la rivière Sainte-Étienne ou la houle sur la route du Littoral). Tout se passe comme si on découvre qu’un cyclone, c’est du vent et de l’eau qui se déplacent en puissance. Tout le reste est soumis à sa force. Encore heureux qu’ils soient passés au large de La Réunion. Mais, dans ce pays de cyclones, on oublie vite. On est prêt à payer mille fois pour les mêmes causes ! La tête lé dure !

Concernant les leçons proprement dites, elles sont de 2 ordres : politique et culturel. Les cyclones passent et on constate une déresponsabilisation des Réunionnais. C’est le Préfet, un fonctionnaire de passage (il n’y a rien de péjoratif), qui décide. Tous les élus, pourtant imbus de leurs prérogatives en d’autres circonstances, sont relégués au rang de simples collaborateurs du plan ORSEC ou de correspondant de radio sur l’état de la situation locale. Ils n’ont aucun poids sur le cours des évènements à l’échelle du pays. Pour le moindre pépin, ils appellent la préfecture. À quoi a servi tout le pataquès sur le fait que « la décentralisation n’est pas la déconcentration » ? L’eau, les routes, l’aménagement du territoire, la scolarisation... relèvent de la compétence des élus. L’endiguement de la Rivière des Galets est un exemple de responsabilité des élus. Qu’ont fait les autres depuis tout ce temps ? La route des Tamarins réalisée en 4 ans par la Région est plébiscitée, aujourd’hui. On oublierait que dans les 2 cas, ces décisions politiques ont été exécutées sans financement de l’État.

L’autre leçon est culturelle et identitaire. Cela fait 350 ans que les Réunionnais connaissent les cyclones. La mémoire collective est remplie de sagesse vis-à-vis de ces phénomènes qu’on connaît peu. Tout le monde se rappelle de la terrible épidémie de puces qui a été nettoyée par un cyclone ou bien les prières prononcées pour avoir de la pluie... Les cyclones font partie de la vie des Réunionnais qui les avaient bien intégrés jusqu’au jour où nos compatriotes sont devenus, à l’annonce des alertes, de simples « administrés » et des « remplisseurs de caddies » ! Pourtant, si nous devons « vivre avec les cyclones », il faudra mieux les étudier pour anticiper les conséquences, et ainsi, valoriser la culture cyclonique.

Voilà pourquoi, toute la société réunionnaise doit être réorganisée en fonction de cette réalité permanente. Le modèle actuel n’est pas bon. Si chaque Réunionnais détient une parcelle de responsabilité de ce qui le concerne au premier chef alors le pays sera mieux armé pour faire face à l’avenir. En ayant toujours en tête que le pire ne s’est pas encore produit.

Ary Yee Chong Tchi Kan

Cyclones et ouragans

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