Déconfinement, ou comment faire passer le capitalisme avant les vies -1-

9 mai 2020, par Mathieu Raffini

Depuis plusieurs semaines, les mesures énoncées par Macron et le gouvernement en vue d’un déconfinement à venir de la société sont loin de faire l’unanimité. Elles ont ainsi été marquées par un nombre hallucinant de contradictions entre chaque annonce (déconfinement le 11 puis progressif en fonction des départements, puis non, puis si au final par exemple), donnant l’impression d’un grand flou artistique, et ce même au sommet de l’Etat. Si l’on n’y prête pas attention, cela pourrait tout au plus paraître inquiétant de les voir avancer à vue.

Pourtant, depuis le départ, le gouvernement a annoncé et maintenu des mesures très idéologiques allant dans le sens d’une « reprise économique rapide », le but de ces mesures étant de sauver le grand patronat et le capitalisme en général, dont le modèle n’a eu de cesse de se voir remis en cause au cours des années précédentes.
En effet, s’il fallait par exemple ne retenir que les moments forts de ce quinquennat en cours, la critique du capitalisme est omniprésente. Qu’il s’agisse des mouvements sociaux historiques que l’on a connu ces derniers mois (gilets jaunes, mobilisation des soignants, mobilisation contre la réforme des retraites) ou malheureusement de la grave crise sanitaire que l’on connaît actuellement avec le coronavirus, crise en grande partie due à l’abandon progressif d’un système de santé public pour tous par une mise en concurrence et la volonté de rentabilité des établissements à l’instar de l’idéal capitaliste.

Pour en revenir aux annonces dont les certitudes restent établies depuis quelques semaines et allant dans le sens de cet idéal, elles sont à regrouper en deux groupes :
- D’une part, les mesures économiques en tant que telles.
- D’autre part, l’ensemble des mesures allant dans le sens d’une reprise progressive de l’école entre mai-juin
On pourra noter que ces mesures, ainsi que le déconfinement se font dans le mépris le plus total de la communauté scientifique. Il y a en effet consensus sur la nécessité de reporter ce déconfinement, de le préparer avec les moyens adéquats (masques en nombre suffisants, dépistage massif de la population, etc.) et de ne pas reprendre les classes avant septembre. Tout cela a été pensé et expliqué afin d’éviter la deuxième vague de contamination tant redoutée, synonyme une nouvelle fois de décès en masse, d’urgences et de soignants à bout de force et remis en danger et enfin de reconfinement.
Pour autant, cela n’a pas fait changer d’avis le gouvernement, la reprise massive des travailleurs sur leur lieu de travail étant prévue dès le 11 mai et, dans la foulée, la reprise des classes en commençant par les plus fragiles et surtout ceux avec qui les mesures de distanciation sociale sont impossibles, à savoir les écoliers les plus jeunes.
On est donc en droit de s’interroger sur la volonté réelle de nos gouvernants avec ces mesures que l’on pourra qualifier d’au moins aventureuses, si ce n’est criminelles. S’agit-il réellement de protéger la population en mettant fin au chômage partiel que beaucoup connaissent en cette période, de lutter contre l’exclusion sociale et scolaire ? Ou plutôt, ne s’agit-il pas d’une volonté de défendre, encore une fois le grand patronat et le capitalisme, et ce quitte à mettre en danger toute la population ?

Mathieu Raffini

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