“Déor”, au nom de la loi !

3 décembre 2004

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Ahmed Andhumoudine, Marie-Naoisa Zaranony, Achata M’Madi... La chasse aux immigrés est ouverte à La Réunion. Ahmed, menottes aux poignets, a été reconduit “dans son pays”, aux Comores où il n’avait jamais mis les pieds. Marie-Naoisa, jeune étudiante malgache, de mère française, se cache pour ne pas être elle aussi expulsée manu militari.
Et maintenant, Achata M’Madi. Sale temps pour les immigrés. Raide comme la Justice, droite dans ses bottes, l’Administration “applique la loi”, avec toute la froideur dont elle peut être capable, “applique la réglementation” avec toute l’inhumanité dont elle sait parfois faire preuve.

Achata M’Madi, 27 ans, a été arrachée à son enfant depuis mardi matin jusqu’à hier, pendant qu’elle était bloquée au Centre de rétention. Elle peut encore à tout moment être expulsée de La Réunion. Quant à son marmay, âgé d’un an, né à Saint-Denis, il faudra bien qu’un fonctionnaire zélé lui explique toute l’absurdité d’une telle situation qui risque de lui donner une maman par procuration. À moins bien sûr qu’après la mère, “au nom de la loi”, le marmay fasse lui aussi l’objet d’une “reconduite aux frontières”, avec des menottes adaptées à ses petits poignets...

Et son père ? M’Linde Kalindanse Ali a été prof de maths aux Comores. Depuis son arrivée chez nous, il a ajouté à son bagage une licence de sciences de l’éducation. À quoi bon palabrer sur le co-développement, sur la coopération régionale, si nos voisins qui viennent se former chez nous doivent vivre avec une épée de Damoclès sur la tête ?
Dura lex, sed lex : "la loi est dure, mais c’est la loi", rétorque avec un zèle effrayant la Préfecture qui semble “cibler” son application mécanique de la loi, fut-ce au prix de drames humains.

S. D.


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