Derriere l’invasion de l’Ukraine par la Russie, un nouveau conflit coréen en gestation

15 mars 2022, par David Gauvin

Élu jeudi 10 mars président de la Corée du Sud, le conservateur Yoon Suk-yeol, 61 ans, va adopter une stratégie radicalement différente de celle de son prédécesseur pacifiste à l’égard du voisin nord-coréen, qu’il a déjà menacé de « frappes préventives ». Les tensions risquent de reprendre sur la péninsule coréenne.

Il y a tout juste un an, Yoon Suk-yeol était encore procureur général, un poste très important en Corée du Sud. Et c’est en usant de son pouvoir qu’il est devenu un opposant au gouvernement, ce qui l’a rendu évidemment populaire au sein de l’électorat du Parti conservateur (PPP) dont il a remporté la primaire. Le nouveau dirigeant de la dixième économie mondiale a été comparé, ici, à Donald Trump, notamment pour ses déclarations durant la campagne et son caractère imprévisible. Yoon Suk-yeol a tenu des propos xénophobes ou sexistes sur les « Africains », les étrangers, les Chinois, les féministes ou même les femmes de manière générale. En revanche, il se différencie de l’ex-président américain sur de nombreux aspects comme sa réputation d’incorruptible ou sa faiblesse dans l’art oratoire.

Pendant cinq ans, le gouvernement pacifiste de Moon Jae-in a appliqué une politique de dialogue avec Pyongyang, se faisant l’intermédiaire de Kim Jong Un et du président américain d’alors Donald Trump, tout en freinant ce que le Nord considère comme des « provocations » comme les exercices militaires conjoints avec les États-Unis. Pour le nouveau président sud-coréen Yoon Suk-yeol, vainqueur sur le fil jeudi de la présidentielle, cette approche « servile » a débouché sur un échec manifeste. Le gouvernement sortant « s’est porté volontaire pour jouer les intermédiaires entre les États-Unis et la Corée du Nord, mais a été abandonné par les deux à la fin ». Après le tir samedi de ce que le Nord prétend être un composant de satellite de reconnaissance samedi, et dans lequel Séoul voit un missile balistique déguisé, M. Yoon, 61 ans, a déclaré que le jeune Kim Jong Un devait être repris en main. « Si vous m’en donnez l’occasion, je vais lui apprendre quelques manières », a-t-il dit.

Malgré les sanctions internationales, Pyongyang a redoublé d’efforts pour moderniser son armée, tout en refusant de répondre aux appels à la négociation lancés par les Etats-Unis. En décembre 2021, lors d’une réunion du parti au pouvoir en Corée du Nord, le dirigeant, Kim Jong-un, s’est engagé à poursuivre le développement des capacités militaires du pays. La Corée du Sud a aussi démontré ses propres capacités de frappe militaire. Le gouvernement sud-coréen a annoncé, mi-septembre, avoir testé un missile balistique embarqué sur un sous-marin conventionnel. Puis, quelques jours plus tard, il a confirmé avoir développé un nouveau missile de croisière (à longue portée). Le pays est aussi entré, en avril 2021, dans le club très fermé des nations – moins d’une dizaine – disposant d’avions de chasse supersoniques. Et enfin, il ne s’est pas privé de mener des exercices militaires de grande envergure avec les États-Unis en août, alors "que ce type de manœuvre est officiellement perçu par Pyongyang comme des préparatifs pour une invasion terrestre", rappelle Ramon Pacheco Pardo, spécialiste des questions de sécurité dans la péninsule coréenne au King’s College de Londres, interrogé par The Economist. Séoul et Pyongyang cherchent depuis toujours à s’intimider militairement. "C’est un dilemme sécuritaire permanent et ancien. Tout développement militaire d’un côté de la zone démilitarisée est perçu comme une menace de l’autre, poussant à développer des systèmes d’armement capables d’intimider l’adversaire", résume Antoine Bondaz, spécialiste des deux Corées à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

Cette accumulation de facteurs, à l’origine de la nette escalade dans la course aux armements entre les deux Corées, est en train de transformer la péninsule coréenne en une vraie poudrière. Le risque "n’est pas de voir la situation dégénérer en conflit ouvert entre les deux Corées car les éléments de dissuasion [menace nucléaire au nord, et soutien américain pour le Sud] restent très forts", note Timothy Wright. Mais avec toutes ces armes qui s’ajoutent les unes aux autres, Sebastian Harnisch craint plutôt "l’erreur humaine qui peut entraîner la prochaine crise". Avec des missiles et autres armes toujours plus puissants, les conséquences d’un mauvais jugement d’un général d’un côté ou de l’autre de la zone démilitarisée deviennent potentiellement de plus en plus graves. Mais, ces deux Pays sont encore officiellement en guerre. L’armistice de Panmunjeom de 1953 n’a jamais été signée par la partie sud coréenne, malgré les annonces de l’ancien Président sud coréen Moon. L’arrivée d’un va t’en guerre misogyne à Séoul fait craindre le pire dans la région. Pour rappel l’armée sud coréenne est considéré être la 6ème du monde (devant la France) et la nord coréenne est la 4ème du monde en terme d’effectif, chacune comptant autour de 7 millions de combattants.

« La nationalisme c’est la guerre » Francois Mitterand

Nou artrouv’

David Gauvin

Photo Driedprawns at en.wikipedia, CC BY-SA 3.0 <http://creativecommons.org/licenses...> , via Wikimedia Commons

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