Derrière l’Ukraine, l’objectif russe est de stopper l’OTAN

25 février 2022, par David Gauvin

Au-delà des préoccupations historiques et identitaires, ce qui motive la Russie avant tout dans l’affaire ukrainienne, c’est la crainte de voir un jour des missiles de l’OTAN installés dans ce pays.

Le discours prononcé ce 21 février par Vladimir Poutine, dans lequel le président russe a annoncé la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux républiques séparatistes de l’Est ukrainien, a accordé une large place à ce que Moscou présente sans relâche, depuis des années, comme sa préoccupation sécuritaire première : l’extension de l’OTAN vers l’Est. Depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et la disparition de l’URSS en 1991, l’OTAN s’est élargie à de nombreux pays d’Europe de l’Est, malgré la désapprobation de Moscou. Cette extension vers les frontières russes a contribué à la montée des tensions entre les Occidentaux et le Kremlin – une tension spécialement palpable depuis le changement de pouvoir intervenu en Ukraine en 2014, et qui est encore montée d’un cran ces dernières semaines et ces tout derniers jours. L’équipe de Petro Porochenko (président de 2014 à 2019) puis celle de Volodymyr Zelensky (élu en 2019, et dont le mandat s’achève en 2024) ont toutes deux indiqué leur souhait de faire adhérer leur pays à l’Alliance. Si cette dernière n’a jusqu’ici pas donné suite à la candidature de Kiev, les relations OTAN-Ukraine se sont toutefois intensifiées au cours de ces dernières années.

L’OTAN est en effet née le 4 avril 1949, près de 4 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et dans un contexte de début de la guerre froide (1947-1991), menée par l’URSS (bloc Est) et les États-Unis (bloc ouest). Au sortir de la guerre, les pays européens occidentaux décident de conclure une alliance de défense avec les États-Unis et le Canada, afin de se garantir mutuellement la liberté et la sécurité par des moyens politiques et militaires. Les membres initiaux, que sont la Belgique, le Danemark, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, le Royaume-Uni, le Canada et les États-Unis, sont rejoints par le Grèce et la Turquie (1952), l’Allemagne (1955), l’Espagne (1982), la Hongrie, la Pologne et la République tchèque (1999), quelques années après l’éclatement de l’URSS. La Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie suivent à leur tour (2004). Suivent l’Albanie et la Croatie (2009) et plus récemment, le Monténégro (2017), ainsi que la Macédoine du Nord (2020), qui sont devenus les 29e et 30e pays membre de l’OTAN. Sur son site officiel, l’alliance précise qu’une « décision de l’OTAN » est « l’expression de la volonté collective de l’ensemble des 30 membres, étant donné que toutes les décisions sont prises par consensus ».

Si l’union de l’OTAN est créée au lendemain de la première grande crise de la Guerre froide, le blocus de Berlin, l’organisation survit à l’éclatement de l’Union soviétique en 1991, année qui marque la fin de la Guerre froide. Outre ce conflit, deux autres grandes périodes historiques marquent ainsi l’alliance : une période prospère, dite « réunification de l’Europe », qui s’étend de 1991 à 2001, et l’après 11 septembre 2001, où le nouvel ennemi devient le Moyen-Orient, et plus particulièrement le djihadisme. L’OTAN, qui adhère au principe selon lequel une attaque contre l’un ou plusieurs de ses membres est considérée comme une « attaque dirigée contre tous », agit donc sous le principe de « la défense collective ». Tout cela est consacré dans l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. Jusqu’à présent, il n’a été invoqué qu’une seule fois, en réponse aux attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Jugé à bout de souffle, ou en état de « mort cérébrale » selon les propres propos d’Emmanuel Macron en 2019, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a retrouvé son ennemi initial et a été replacée au cœur des enjeux géopolitiques. Elle devra ordonner une réponse face à la nouvelle menace expansionniste russe, qui a donc décidé d’enlever à l’armée de l’Ukraine toute capacité offensive ce jeudi, en réponse à la volonté de l’OTAN de vouloir faire du pays ukrainien son 31e membre, ce qui est vu comme une menace par Vladimir Poutine, qui a toujours considéré l’Ukraine comme un des ultimes États historiquement russe encore « neutre ».

Sur le plateau télévisé de RT France, le journaliste Pierre Lorrain a livré son analyse de l’opération militaire russe entamée plus tôt dans la journée. Selon lui, « la Russie n’a pas grand chose à perdre dans une opération militaire limitée ». « Cette intervention rappelle beaucoup ce qui s’était passé au Kosovo en 1999 […]. L’OTAN avait lancé une offensive aérienne contres les installations militaires significatives en Serbie […] Il n’y avait pas eu d’intervention militaire sur le sol de l’OTAN, en revanche les bombardements avaient duré deux mois », a précisé le 24 février à l’antenne de RT France Pierre Lorrain, journaliste spécialiste de la Russie, commentant l’opération militaire russe entamée plus tôt dans la journée, pour laquelle Moscou a assuré que les frappes effectuées visaient exclusivement des infrastructures militaires, et ne menaçaient pas la population civile ukrainienne. Selon le journaliste, la Russie fait face à une situation diplomatique qui ne peut pas être pire que ce qu’elle est actuellement. « Elle est accusée de tous les maux et on ne veut pas entendre les revendications des provinces sécessionnistes du Donbass donc finalement la Russie n’a pas grand chose à perdre dans une opération militaire limitée », a-t-il analysé, soulignant que les cibles de l’armée russe étaient militaires et estimant que l’armée russe n’avait aucune intention de s’attaquer à « des objectifs civils ». Concernant l’évolution de la situation sur la scène internationale, Pierre Lorrain a émis des réserves sur les capacités de l’OTAN à agir face aux événements. « Même si elle donne l’impression de la solidarité atlantique et que tous les États seront d’accord pour condamner [mais] agir, c’est une autre histoire […], l’OTAN est impuissante pour le moment », a-t-il considéré. Nous reviendrons plus tard sur le système Swift, mais derrière les évènements se trouve un retournement historique de l’ordre du monde. Le multilatéralisme prôné par Xi Jing Ping est emmené à renverser l’ordre impérialiste. Néanmoins, il est regrettable que tout cela se fasse sur le dos du peuple ukrainien qui n’a rien demandé à personne, juste été entièrement manipulé jusqu’à élire Président un acteur qui jouait au Président sur Netflix…

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Nou artrouv’

David Gauvin

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Messages

  • Au delà de tout le reste , il y a les faits .
    L’agresseur c’est La Russie de Poutine . Ce sont les troupes russes qui ont pénétré chez un état souverain et veulent soit y placer un gouvernement soumis à La Russie ,soit l’annexer purement et simplement.
    les articles de Témoignages devraient le dire .

  • La Russie n’a pas peur de l’OTAN, mais de L’Union Européenne qui est devenue la première puissance commerciale du monde .

    Et peut être qu’elle n’est pas seule à avoir intérêt stopper ou en tout cas ralentir la progression de l’Union Européenne sur ce plan .

    je pense que les américains ne voyent d’un bon oeil le positionnement de l’UE dans la compétition économique mondiale, et comme ils font partie de l’OTAN ils ne s’investiront pas totalement pour une intervention militaire de l’OTAN contre la Russie suite à son invasion de l’Ukraine , mais se contenteront probablement de sanctions économiques et financières relativement modestes qui resteront probablement sans effet sur l’économie russe qui sera aidée par ses alliés frontaliers , notamment la chine et l’Iran et peut être le japon qui pourrait profiter de l’occasion pour faire un pied de nez aux USA et même leur infliger un coup de Jarnac pour se venger de l’humiliation qui lui a été infligé par les américains depuis 1945.

    Pour sortir de cette situation qui met en danger sa propre stabilité , l’Union Européenne devra compter sur ses propres moyens et sur une intervention limitée de L’OTAN , ce qui laissera à Poutine la possibilité de poursuivre son projet de recréer l’empire soviétique qu’il a commencé depuis longtemps, et aux USA de retrouver leur premier rang de puissance commerciale dans le monde s’ils parviennent à ralentir l’expansion mondiale de la puissance commerciale de la Chine , qui a aussi vocation à devenir rapidement la première puissance du monde que ce soit sur le plan commercial ou militaire .

    Si ce conflit en Ukraine n’est pas réglé rapidement par l’Union Européenne elle sera disloquée et la plupart de ses nouveaux membres renonceront de gré ou de force à leur adhésion comme l’ont fait les anglais et nous retourneront à plus de 50 ans en arrière au grand ravissement des chinois et des américains et bien sur des russes qui auront gagné sur toute la ligne .


Témoignages - 80e année


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