Des murs illusoires

7 octobre 2005

Dans la nuit de mercredi à jeudi, 1.500 personnes ont tenté d’entrer dans la ville espagnole de Mellila. Mellila est enclavée dans le territoire marocain. Pour beaucoup de candidats à l’émigration, c’est la porte de l’Occident.
En quelques jours, ils sont 3.000 à avoir tenté de franchir la frontière de l’Union européenne, souvent au prix de leur vie. Afin de tenter de résoudre le problème, le grillage servant de frontière doit être surélevé jusqu’à six mètres de haut.
Dans notre région, une tragédie de même type se joue près de chez nous. Il s’agit de l’émigration clandestine d’Anjouan vers Mayotte. Comme solution, le gouvernement veut renforcer les contrôles dans cette frontière de l’Union européenne. C’est le même principe que celui qui est proposé à la frontière de Mellila. Et dans les deux cas, ce sont des solutions bien illusoires.
En effet, depuis que l’humanité existe, elle est habitée par d’incessantes migrations. Or, nous vivons l’émergence d’une mondialisation des échanges. Elle coïncide avec un fort accroissement démographique dans les pays dépouillés de leurs richesses par l’esclavage, la colonisation et ses conséquences actuelles. Qu’y a-t-il donc d’étonnant que les habitants de pays appauvris veulent travailler là où ils peuvent vivre mieux ? Et d’ailleurs, le libéralisme a pour conséquence d’accroître les inégalités entre les pays. Cela ne peut que renforcer les courants migratoires. Et donc rendre bien illusoire les clôtures et barricades. La solution est ailleurs, elle suppose un développement solidaire pour que l’émigration ne soit plus une obligation mais un choix parmi d’autres.

Manuel Marchal


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