Des victimes... rendues coupables

12 août 2005

Deux soirs de suite, mardi et mercredi derniers, Tempo a diffusé des émissions d’Arte très intéressantes sur les efforts entrepris par des hommes, des femmes et des enfants pour se reconstruire après avoir été brisés par des violences. Des enfants traumatisés dans des guerres, des fillettes et des jeunes garçons victimes d’abus sexuels, des femmes violées ont témoigné de la gravité de leurs blessures. Ces personnes ont raconté tout le mal qu’elles ont eu pour survivre et surmonter leurs souffrances.
Devant la force de vérité et la richesse de ces témoignages, on ne comprend pas que le service public d’information ose diffuser de telles émissions à des heures aussi tardives : entre une heure et deux heures du matin...! C’est manquer singulièrement de respect envers le public réunionnais de le priver - de fait - de telles leçons de vie, où nous avons tous beaucoup à apprendre.
Un des enseignements les plus importants que l’on retient de ce genre d’émission, c’est le sentiment de culpabilité qui torture les victimes de ces violences. Elles ont été traitées comme des objets par leur agresseur, celui-ci a nié leur qualité d’être humain, il a refusé tout dialogue avec elles : "je n’étais plus rien pour lui", a dit une jeune fille violée par son père. Et pourtant ces victimes se sentent coupables. Au point de se punir elles-mêmes par l’anorexie, la consommation de drogues ou d’alcool, voire le suicide. Seule une dose de courage infinie, la solidarité de leur entourage et une bonne psychothérapie peut les aider à s’en sortir.
En écoutant les témoignages de ces personnes, on ne peut s’empêcher de penser à toutes les victimes de violences sociales, comme le chômage, la précarité, l’exclusion, la surexploitation au travail etc. Ces victimes, elles aussi, on tend de plus en plus à les culpabiliser...

L. B.


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