Deux jeunes femmes victimes d’une agression homophobe : plus jamais ça !

17 décembre 2021, par David Gauvin

Julie a été agressée sans raison lundi, juste parce qu’elle marchait dans une rue du Tampon avec son amie. Toute agression est intolérable.

L’agression s’est déroulée alors qu’elles se baladaient ensemble. Elles ont été apostrophées par deux jeunes qui les ont agressées juste parce que l’une d’elle est masculine. L’une a été passée a tabac pendant que l’autre a été repoussée. Elles peuvent se demander ce qu’elles ont fait de mal, rien. Il ne faut jamais arrêter de le dire, elles n’ont rien fait de mal. La police et la gendarmerie ont enregistré 1 590 crimes et délits homophobes en 2020, un chiffre en augmentation par rapport à 2016, mais qu’il faut interpréter avec prudence. Les actes anti-LGBT touchent le plus souvent des hommes jeunes. L’augmentation des faits constatés peut résulter de plaintes plus fréquentes et du fait qu’elles sont plus souvent enregistrées en tant qu’actes anti-LGBT, ou encore en raison de l’évolution de la qualification de certaines infractions. Il n’en demeure pas moins que l’ampleur de l’évolution a de quoi préoccuper, surtout si elle se prolongeait dans les années qui viennent. Elle correspond assez bien à l’évolution des témoignages reçus par l’association SOS homophobie.

L’homophobie se définit comme une attitude ou une manifestation de mépris, de rejet ou de haine envers des personnes homosexuelles. Le terme homophobie, apparu dans les années 1970, vient de « homo », abréviation de « homosexuel », et de « phobie », du grec phobos qui signifie crainte. Il désigne le mépris, le rejet, l’exclusion et/ou la haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l’être. Les personnes victimes ne sont pas seulement homosexuelles, elles sont aussi les personnes dont l’apparence ou le comportement dérogent aux représentations traditionnelles de la féminité et de la masculinité.
Est considéré comme homophobe, toute organisation ou individu rejetant l’homosexualité et les homosexuel·les, et ne leur reconnaissant pas les mêmes droits qu’aux hétérosexuel·les. LGBTQIA+, est un sigles utilisés pour qualifier les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles, c’est-à-dire pour désigner des personnes non hétérosexuelles, non cisgenres ou non dyadiques. On va rattacher un vocable différent selon le genre de la victime, on parle de transphobie par exemple. Mais le fond est le même, être adressé ou discriminé en raison de son orientation sexuelle.

Jusqu’à la fin du 18e siècle, les relations homosexuelles sont en principe interdites par la loi, celle-ci étant appliquée de manière plus ou moins zélée suivant les époques et les cas (et souvent utilisée comme prétexte politique, comme contre les Cathares ou certains intellectuels). L’homosexualité sera dépénalisée par les constituants à la suite de la révolution de 1789 qui se fonde sur les droits de l’homme (par la loi du 25 septembre - 6 octobre 1791, qui adopta le Code pénal, dont un fait remarquable est l’absence de mention de la sodomie, considérée jusque-là comme un crime, ou tout autre terme désignant les rapports homosexuels, et cette dépénalisation restera constante pour les rapports homosexuels privés entre adultes consentants jusqu’à nos jours. Cependant, une police administrative est mise en place dès avant la Révolution et s’intensifie sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire autour des groupes d’homosexuels, notamment parisiens. Elle se caractérise par un recensement écrit, sous forme de fiches, des homosexuels identifiés, des prostitués homosexuels et travestis, le tout compilé dans les « registres des pédérastes ». Le but de ce fichage systématique était essentiellement de prévenir les chantages et les scandales publics tout en contrôlant la prostitution. Le fichage des homosexuels par la police s’est poursuivi jusqu’en 1981.

En première approche, l’homophobie – terme apparu pour la première fois aux États-Unis en 1971 – est synonyme d’« aversion profonde » ou d’« hostilité systématique » à l’égard des homosexuel(le)s. Mais ces définitions ne recouvrent qu’une partie du phénomène. Elles renvoient à sa dimension la plus immédiate, consistant pour ceux qui se prévalent de la norme hétérosexuelle dominante à « désigner l’autre comme contraire, inférieur ou anormal ». C’est cette homophobie-là qui nourrit l’intolérance quotidienne, celle des insultes, des blagues, des stéréotypes dévalorisants, parfois de violences plus graves. Nul doute qu’un tel comportement, eu égard à son caractère irrationnel, ne s’apparente pas au racisme, à l’antisémitisme ou à la xénophobie, comme l’analyse Daniel Borillo. Il ne serait pas difficile de montrer que dans ses formes les plus caractérisées, il renvoie à des conflits individuels intrapsychiques, liés à la « peur de l’autre en soi », c’est-à-dire notamment à la peur de devenir soi-même homosexuel. À coté de cette homophobie “particulière”, de type irrationnel, qui s’exprime surtout sur un mode psychologique ou comportemental en s’en prenant de manière agressive aux homosexuel(le)s, il existe selon les spécialistes une homophobie plus générale, laquelle pourrait se caractériser par son étroite solidarité avec le sexisme. Par “sexisme”, il faut entendre un système de représentations et un ordre socio-sexuel qui dans les sociétés que caractérise la domination masculine, hiérarchise les sexes, les genres, et les sexualités, au profit des hommes, du masculin et de l’hétérosexualité, et en infériorisant ou en discriminant les femmes, le féminin et l’homosexualité. Toute discrimination doit être combattue, c’est ainsi qu’on atteint la société du bonheur qui est l’objectif du projet communiste.

« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. » article 1 Déclaration de l’Homme et du Citoyen

Nou artrouv’

David Gauvin

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