Dévoiement durable

22 juin 2004

Tout ce qui peut éveiller l’opinion à la (mauvaise) marche de la planète et à ce qu’il faut y changer pour ne pas condamner la Terre et ses habitants au suicide collectif, est positif. C’est, au mieux, ce que l’on peut attendre de la décade du “développement durable”.
À une condition : ne pas masquer les crimes de la croissance capitaliste dans l’actuel état des lieux. Et ne pas laisser croire qu’il est possible, sans drames, de laisser ce type de croissance - fondée sur la prédation - s’étendre aux pays dits “en voie de développement”, au prétexte qu’ils ont besoin d’assurer le bien-être de leur population.
Ce bien-être est légitime, il doit être atteint... et il ne pourra l’être qu’au prix d’un renversement des valeurs du système dominant, pour éviter que les dominés d’aujourd’hui ne se montrent aussi prédateurs que ceux qui leur servent de “modèle”.
C’est le “modèle” lui-même qui est à revoir, comme le soutient un courant d’économistes selon lesquels "le développement n’implique pas toujours nécessairement la croissance"*... ce qui ne revient pas à prôner une décroissance aveugle.
S’éveiller à ce que chacun peut faire pour “renverser la vapeur” est un premier pas utile... s’il est suivi d’autres pas. Sinon, le développement durable sera bientôt, comme l’humanitaire devant la faim dans le monde, le veilleur de la bonne conscience des riches.

P. D.

* Voir “La démence sénile du capital”, de Jean-Marie Harribey, économiste, Université de Bordeaux-IV, éd° du Passant, 2004.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus