Dieu sauve les pécheurs. Qui protège les fidèles ?

17 août 2020, par Philippe Yee-Chong-Tchi-Kan

Le procès d’un prêtre accusé de pédophilie a eu un retentissement particulier en début d’année. Cela ne tenait pas – uniquement – à la nature des faits reprochés, ni au statut du prévenu, mais à l’attitude de sa hiérarchie dans la gestion des plaintes des fidèles.

On ne s’étonnera pas – bien malheureusement – que les demandeurs reprochent à la hiérarchie de leur église d’avoir voulu étouffer l’affaire en ignorant les plaintes, en niant ou minimisant les faits reprochés, en ménageant le mis-en-cause sans jamais le sanctionner. Jusqu’à la médiatisation de l’affaire.

En revanche, on hallucine en apprenant comment se sont déroulées les conciliations contradictoires organisées par les autorités dirigeantes de l’église : après avoir entendu les plaignants, l’accusé se justifiait sans jamais s’excuser, puis l’autorité hiérarchique demandait aux premiers de pardonner au second et de prier ensemble, avant de se séparer fraternellement. Les victimes diront avoir vécu cela comme une nouvelle agression : non seulement elles n’auront pas été reconnues en tant que victimes, non seulement leur bourreau niait éhontément, non seulement sa hiérarchie ne le sanctionnait pas et le protégeait, mais c’est aux victimes qu’on réclamait, paradoxalement, force indulgence et mansuétude à l’endroit de leur bourreau.

Depuis, bien heureusement, l’épiscopat français a réformé ses pratiques et a décidé que toute information portée à sa connaissance fera l’objet d’une plainte judiciaire automatique.

Il est ainsi sain que ceux qui violent les lois soient condamnés et que les dirigeants ne demandent pas aux victimes de pardonner à leur bourreau. Car, si rien n’est certain en matière de lutte contre la récidive, sans sanction le malfrat recommencera. Toujours.

Philippe Yée-Chong-Tchi-Kan

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Tout à fait d’accord avec vous, c’est impardonnable pour moi, ces crimes, ses enfants fracassés qui auront du mal à s’en sortir, s’épanouiir, faire confiance, se confier, construire car très souvent hélas, le mal est fait et parfois même, il est arrivé que les parents une fois informés, ordonnent aux innocentes vistimes, leurs enfants, de se taire, devant l’autorité du curé qui les a abusé, n’étant pas du tout à leur écoute, sans imaginer les conséquences de ces crimes car cela en est une définition, un crime. Arthur.


Témoignages - 80e année


+ Lus