Égalité et chikungunya

16 février 2006

Le principe d’égalité était au cœur de la mobilisation des Réunionnais de toutes opinions pour faire voter la loi Vergès-Lépervanche du 19 mars 1946. C’est lui qui a permis par la suite aux Réunionnais d’arracher - grâce à des batailles multiples et difficiles - des progrès sensibles en matière de droits sociaux, d’équipements, de formation etc.
Ce même principe d’égalité est au cœur de la célébration du 60ème anniversaire de cette loi. En témoignent les appels lancés le 19 novembre dernier par 60 personnalités puis ce dimanche par 1.200 acteurs de l’abolition du statut colonial à faire du 19 mars "une date commémorative", symbole de la lutte pour le respect de la dignité des Réunionnais.
Rien n’est plus juste. Surtout lorsque l’on voit ce chiffre dans l’étude que vient de publier le Comité régional pour l’information économique et sociale (CRIES) : à La Réunion, "le revenu disponible par habitant s’élevait en 2002 à 11.070 euros, soit 68% du niveau moyen français". Autrement dit, il y a quatre ans, le revenu moyen par Réunionnais était inférieur d’un tiers à celui d’un citoyen français.
Cela prouve au moins deux choses :
1) à quel point demeure essentielle la bataille pour l’égalité collective entre les Réunionnais et les métropolitains ;
2) compte tenu du fait que certains revenus à La Réunion sont supérieurs à ceux de l’hexagone, beaucoup de revenus dans l’île sont inférieurs de bien plus qu’un tiers à ceux de France, alors que les prix sont plus élevés ici que là-bas.
Conclusion : comme l’a demandé Paul Vergès, suivi par d’autres, l’État doit distribuer gratuitement aux Réunionnais relevant de la CMU, les moyens de se protéger des moustiques.
Et une question : si les Réunionnais étaient traités collectivement à égalité avec les métropolitains, l’épidémie de chikungunya aurait-elle fait autant de malades et de dégâts ?

L. B.


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