Election présidentielle : la pauvreté une nouvelle fois instrumentalisée

28 octobre 2016, par J.B.

Près de la moitié des Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté. (photo Toniox)

La visite d’Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer, se déroule dans un contexte. Elle se situe à quelques mois de la prochaine élection présidentielle. Des annonces ont donc été faites. La première concerne le logement social. Le gouvernement veut mobiliser des mesures pour réduire le coût de la construction, et donc augmenter la production. Cela s’inscrit dans un engagement écrit dans le projet de loi sur l’égalité réelle : un plan de construction de 150.000 logements pour tout l’outre-mer. Sachant que l’égalité réelle est promise dans un délai allant de 10 à 20 ans, cela donne un rythme de 7.500 à 15.000 logements par an en fonction de la durée de ce programme.

À La Réunion, 30.000 familles sont en attente d’un logement social. C’est donc un plan d’une envergure plus ambitieuse dont a besoin La Réunion. Certes, tout ne peut pas être réglé du jour au lendemain, mais les promesses de la loi sur l’égalité réelle sont confrontées à la réalité de la situation. Le président de la FRBTP annonce en effet des licenciements supplémentaires d’ici la fin de l’année. Rappelons qu’une étude du CARIF-OREF avait indiqué que le nombre de travailleurs du BTP en activité est inférieur à celui des chômeurs dans ce secteur.

L’autre annonce concerne le déblocage de 11 millions d’euros supplémentaires pour créer des emplois aidés. Là encore, cette information est relativisée par l’effort annuel de l’État dans ce domaine. Il dépense chaque année plus de 200 millions d’euros dans le traitement social du chômage. L’annonce de la ministre des Outre-mer représente donc moins de 5 % de l’enveloppe annuelle.

Il est incontestable que pour des familles frappées par le chômage, la création de nouveaux emplois est une mesure bienvenue. Mais cela ne règle rien sur le fond. La catastrophe des emplois d’avenir est là pour le rappeler. À la fin du contrat, l’horizon est le chômage.

Cette annonce indique aussi que ce gouvernement continue dans la voie tracée par ses prédécesseurs. À la veille d’une élection, des crédits sont débloqués pour tenter de calmer le mécontentement social. Il apparaît donc évident que ces emplois aidés supplémentaires seront un argument de campagne pour le gouvernement sortant et ses députés.

Une nouvelle fois, la pauvreté est instrumentalisée à la veille d’une élection présidentielle. C’est l’aveu de l’incapacité de ce gouvernement à écouter les propositions pour une autre politique.

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