En Méditerranée et à Mayotte, les Européens doivent assumer leurs responsabilités

2 juillet 2018

Les trois derniers jours de la semaine dernière, au moins 200 personnes sont mortes noyées en tentant de traverser clandestinement la Méditerranée entre la Libye et l’Italie. Depuis le début de l’année, plus de 1.000 personnes ont connu le même sort. C’est ce rappelle l’Organisation internationale des migrants. Hier, 41 personnes ont pu être secourues d’un naufrage au large des côtes libyennes, mais le nombre de victimes est bien supérieur. Les passagers s’entassaient sur un bateau pneumatique pour tenter la traversée. Vendredi, 103 personnes dont trois bébés ont été portés disparues à la suite du naufrage d’une embarcation analogue.

Ces drames continueront de se produire tant que la politique européenne en matière d’accueil des réfugiés reste la priorité à la fermeture des frontières. Les dirigeants européens auront beau tenter de dresser des barrières, de négocier avec la Libye pour parquer les réfugiés dans des camps dans le Sud de ce pays, le mouvement des réfugiés ne s’arrêtera pas et continuera d’aller vers l’Europe. Les dirigeants des Etats européens doivent au contraire assumer les conséquences de plusieurs siècles de pillage, notamment de l’Afrique, et de pollution de l’atmosphère par la consommation bien excessive de charbon et de pétrole. Ceci a permis à l’Occident de concentrer à son profit les richesses, mais cela a entraîné partout ailleurs la pauvreté, et a causé le changement climatique. L’Occident participe également aux guerres qui ravagent des pays en voie de développement, en vendant notamment des armes destructrices à leurs alliés. Pauvreté, guerre et climat sont les trois principales motivations de l’émigration vers l’Europe. La croissance démographique amplifiera le phénomène ainsi que l’ampleur des drames si les dirigeants européens persistent à vouloir faire croire que la solution réside dans la construction d’une Forteresse Europe.

Notre région connaît également le drame de milliers de personnes qui se sont noyées parce qu’elles ont voulu traverser clandestinement la mer. Là aussi, un Etat européen est impliqué, et responsable de cette tragédie en raison de plusieurs décisions politiques : refus de reconnaître le résultat de la consultation sur l’indépendance du TOM des Comores, et surtout l’obligation d’un visa pour que les citoyens Comoriens puissent se rendre à Mayotte, un département français par les Européens, alors que le reste du monde considère que Mayotte est une partie du territoire de l’Union des Comores sous administration française. Là aussi, les Européens pensent qu’en étant intransigeant, cela permettra de régler le problème. C’est le refus de délivrer des visas aux Comoriens parce que Moroni refuse d’accueillir des Comoriens expulsés de Mayotte, estimant que selon les Comoriens sont chez eux à Mayotte. Ce n’est pas en instaurant une dérogation au droit du sol pour les enfant nés à Mayotte de parents comoriens que Paris empêchera les départs des traversées clandestines depuis Anjouan. C’est là aussi une autre politique qui doit être menée, et comme vis-à-vis des migrants qui traversent la Méditerranée, les Européens doivent là aussi assumer leurs responsabilités dans cette crise et agir au plus vite pour mettre fin à ce drame.

J.B.

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