Et ou, combien ou gagne ou ?

26 avril 2013

Hier matin, Patrick Corré est venu monter une grossière provocation devant la mairie de La Possession. Sous prétexte de protester contre la mise en place de la réforme des rythmes scolaires dès la nouvelle rentrée, il a montré sa haine des plus pauvres. Sa revendication aurait privé des jeunes chômeurs d’un contrat qu’ils peuvent prétendre à la rentrée prochaine. C’est un exemple de confrontation de classes dans la société réunionnaise.

À l’origine, il y a la décision du ministre de l’Éducation Peillon de faire travailler une demi-journée de plus, soit le mercredi, soit le samedi. Cela provoque des dépenses supplémentaires, notamment en personnel et en transport. Les maires se plaignent d’être pris en étau, d’une part, par la politique d’austérité et de réduction des dépenses publiques, d’autre part, par les préconisations du ministre qui provoquent des dépenses par millions d’euros. Pour accélérer la mise en place du dispositif, le gouvernement accorde une subvention conséquente aux communes qui démarre dès la rentrée 2013.

Si Patrick Corré avait voulu être un syndicaliste conséquent, il aurait réuni la communauté éducative et la Collectivité dans un combat commun contre une décision gouvernementale appliquée sans concertation, qui pénalise tout le monde. Les communes n’ont pas le choix : c’est soit 2013, soit 2014. En choisissant la rentrée 2013, le maire Roland Robert agit en bon gestionnaire, car il partage les charges avec le gouvernement. Patrick Corré préfère s’attaquer au maire de La Possession. Il divise le camp des victimes et se montre complice de la décision injuste du ministre. On nage en plein paradoxe. Si des enseignants et des parents sont mécontents, qu’ils s’adressent donc au gouvernement ou aux services de l’État.

La grossière provocation s’est heurtée à la volonté des jeunes de La Possession qui voient dans la mise en place de ce dispositif un moyen d’avoir un emploi, dès le mois d’août prochain. Et, dans le contexte actuel du chômage à La Réunion, ils ont défié le syndicaliste et déjoué sa manœuvre. Totalement découvert, il finit par insulter Roland Robert. Son objectif a été atteint ! Il en est content, même.

Cependant, au-delà de la provocation, les échanges avec le groupement de jeunes sont riches de sens. L’un des jeunes a demandé au responsable syndical : « et ou combien ou gagne ? ». Le représentant de la classe dominante a refusé de répondre, tellement, il avait mauvaise conscience d’annoncer 3.000 euros. En face des jeunes qui peinent à trouver un travail, et qui s’attendent à un contrat précaire, il a eu quelques scrupules à déclarer une paye sur-indexée qui le place dans la catégorie des 10% les plus riches.

C’est la première fois qu’il se heurte à ceux qui souffrent réellement et qui lui donnent mauvaise conscience.

J.B.


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