Et si l’indifférence était devenue l’arme des pauvres face aux politiques ?

14 novembre 2013, par J.B.

Michel Sapin arrive ce matin. C’est une personnalité politique de premier plan dans le gouvernement actuel. Il a hérité d’un ministère affublé d’un titre à rallonge : « Ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social ». C’est dire l’importance de celui qui nous rend visite.

En effet, avec de telles compétences élargies, dans un Département « hors norme sociale », sa présence suscite peu d’intérêt aux yeux des secteurs intéressés. Tout se passe comme si la population connaît par avance l’impact limité de ce genre de visite. Les ministres passent et les problèmes d’emplois ne sont jamais résolus. Nous avons pourtant un taux de chômage très élevé : 30%. Si en France, il y avait 9 millions de chômeurs au lieu de 3 millions, gageons que le dialogue social aurait été différent. Mais, à La Réunion on peut se le permettre. Récemment, le Ministre Lurel s’est même plaint de l’absence de réactions des forces vives. Comme mépris envers les plus pauvres, on ne pouvait pas faire mieux.

Est-ce à dire que les Réunionnais sont satisfaits de leur sort et qu’ils ont mis l’arme aux pieds ? On aurait tort de considérer cette attitude d’indifférence comme le signe d’un satisfécit gouvernemental. Bien au contraire. Comme du temps de l’esclavage, qui a quand même duré 2 siècles, les Réunionnais donnent le sentiment d’être résigné et se satisfont des miettes du système qui les rejette dans l’exclusion.

Ce sentiment d’indifférence permet de mieux situer l’élite sociale et politique qui fait la fête au lieu de s’occuper des pauvres qui constituent la moitié d’entre nous. Jamais l’arrogance d’une minorité au pouvoir ne s’est autant étalée au mépris des plus démunis. Au fond, derrière cette approche d’indifférence se cache le sentiment que les ministres sont de passage et ne servent plus à grand-chose. D’ailleurs, les Réunionnais ont voté pour des députés, et les socialistes en ont reçu 6 sur 7. Une belle performance sans lendemain qui fait interroger : Et si l’indifférence était devenue l’arme des pauvres face aux politiques ?

J.B.


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