Fin des quotas et baisse des prix : comment s’en sortir ?

27 février 2017, par J.B.

Les quotas sucriers seront supprimés en Europe au mois de septembre. Ce sera aussi la fin d’une garantie, celle du rachat par l’Europe des invendus à un prix défini à l’avance. D’autres production sont déjà confrontée à la fin des quotas. Cela s’est traduit par une baisse des prix payés aux producteurs, et par d’importantes manifestations en France. Car désormais le prix dépend de l’offre et de la demande. Mais dans ce rapport de forces, la distribution tire son épingle du jeu au détriment des producteurs. C’est de que rappelle un article paru dans « le Monde.fr » du 26 février. Voici un extrait :

« Chaque année, le dernier jour du mois de février sonne la fin des négociations entre la grande distribution et ses fournisseurs, qu’ils soient petits producteurs rassemblés en coopérative ou grands groupes industriels internationaux.

Selon les fournisseurs, les distributeurs n’entendent pas signer ces accords sans obtenir une baisse de tarif. Une baisse pas toujours en lien avec le cours, très volatil, des matières premières alimentaires.

Le prix du lait, par exemple, est fixé librement entre l’entreprise de collecte et le producteur. La plupart des entreprises s’appuient sur des indicateurs tels que le prix du lait en Allemagne, le prix pratiqué par leurs concurrents (comme Lactalis) ou le prix des débouchés industriels laitiers (comme le beurre ou la poudre de lait).

Comme celui de la plupart des produits agricoles, le prix du lait a connu une baisse en 2015. Son prix en rayon, en revanche, n’a, en moyenne, pas diminué. L’observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires explique ce phénomène dans son rapport :

« [En] 2015, aucune production agricole traitée par ce rapport n’a couvert (…) ses coûts de production (…) (à l’exception de quelques productions comme les fromages AOC). (…) A l’autre extrême, les prix alimentaires payés par le consommateur ont continué à faire preuve d’une très grande stabilité (…). Rarement la déconnexion aura paru aussi forte entre prix agricoles et prix alimentaires et ceci illustre bien le rôle d’amortisseur que joue particulièrement en France l’aval des filières, industrie et distribution. »

Pour peser encore davantage dans le rapport de force face à leurs fournisseurs, certains distributeurs ont associé leurs centrales d’achat. Au dernier trimestre 2014, trois alliances se sont formées : ITM-Casino, Carrefour-Delhaize, Auchan-Système U. La concentration des centrales d’achat depuis fin 2014 serait susceptible d’augmenter la pression sur les fournisseurs, selon l’Autorité de la concurrence »

La fin des quotas amène donc des agriculteurs à la faillite. Elle permet en effet aux plus puissants de produire sans limite, ce qui signifie économies d’échelle et baisse des prix. Comment s’en sortir si les recettes n’arrivent pas à couvrir les coûts de production ? Dans quelques mois, seule une subvention de 28 millions d’euros atténuera la concurrence du sucre de betteraves pour le sucre réunionnais exporté vers l’Europe. Rapporté au volume de sucre en vrac produit, cela représente 28 centimes par kilo. Cette aide supplémentaire de 28 centimes sera-t-elle suffisante ? Sera-t-elle reconduite tous les ans ? Le prix de la canne n’est toujours pas fixé pour cette année, cela n’incite pas à l’optimisme.

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