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7 mai 2022, par
Pionnière en France de l’écoféminisme dont elle invente le nom, Françoise d’Eaubonne a embrassé, et devancé, les mouvements politiques du XXe siècle. En 1974, face à un capitalisme “au stade du suicide”, elle théorise : « C’est le féminisme ou la mort ».
Françoise d’Eaubonne, née en 1920, est la troisième des quatre enfants d’Étienne Piston d’Eaubonne et de Rosita Martinez Franco. L’une de ses sœurs est l’écrivaine Jehanne Jean-Charles. Sa mère, fille d’un révolutionnaire espagnol carliste, est l’une des premières femmes à poursuivre des études scientifiques à la faculté des sciences de Paris, où elle a suivi les cours de Marie Curie. Ses parents se sont rencontrés au Sillon, mouvement progressiste chrétien porté par Marc Sangnier. Son père, originaire de Bretagne, est issu d’une famille de grands voyageurs, comptant parmi ses ancêtres un navigateur anti-esclavagiste des Antilles. Il est anarchiste chrétien, et cofondateur du Parti fasciste révolutionnaire. Étienne d’Eaubonne est secrétaire général de compagnie d’assurance alors que Rosita-Mariquita Martinez y Franco interrompt sa carrière scientifique une fois mariée. Françoise d’Eaubonne est très tôt sensibilisée par sa mère aux inégalités vécues par les femmes. L’enfance toulousaine de Françoise d’Eaubonne est marquée par le déclin physique de son père dû aux effets des gaz dans les tranchées de la Première Guerre mondiale. Elle a seize ans quand éclate la guerre d’Espagne, dix-neuf ans quand elle voit arriver les républicains en exil.
Françoise d’Eaubonne poursuit ses études à la faculté de lettres et aux Beaux-Arts de Toulouse. Tout en entrant en résistance face au nazisme, elle publie ses premiers poèmes en 1942, et Le Cœur de Watteau, son premier roman en 1944. De 20 à 25 ans, elle subit les privations propres à l’époque et rencontre à la Libération, dans une grande gare parisienne, les rescapés juifs de retour des camps. Elle résumera plus tard son sentiment sur cette période de sa vie sous le titre évocateur de Chienne de jeunesse. À partir de 1945 et jusqu’en 1956, Françoise d’Eaubonne est membre du Parti communiste français. Proche de Laurent Schwartz, Vladimir Jankélévitch, Lucien Goldmann, elle se marie avec Jacques Aubenque. Cette jeunesse plaquée sur une personnalité hypersensible la conduit à porter sur le monde un regard critique qui façonnera la militante radicale et féministe. En ce sens, la lecture du Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, en 1949, est déterminante. Deux ans plus tard, elle prend la défense de la philosophe en publiant Le Complexe de Diane. En 1953, elle devient membre du Conseil national des écrivains. Lectrice chez Julliard dans les années 1950, chez Calmann-Lévy au début des années 1960, et à la fin des années 1960 chez Flammarion, elle élève ses enfants, Indiana et Vincent, avec l’aide de sa famille. Elle milite activement contre la guerre d’Algérie et en septembre 1960, signe le Manifeste des 121, aussi appelé « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ».
Nous sommes en 1974 quand Françoise d’Eaubonne publie ces mots visionnaires dans son essai, Le féminisme ou la mort (Éd. P. Horay). C’est dans cet ouvrage qu’apparaît pour la première fois le terme d’ « écoféminisme » qui sera ensuite repris par les militantes étasuniennes, anglaises ou indiennes dans les années 1980. Romancière et essayiste prolifique, Françoise d’Eaubonne (1920-2005) était avant tout féministe. Elle a cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF) puis le Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar). En parallèle, sa prise de conscience écologiste fut rapide, imprégnée du rapport Meadows Limits to growth (« Limites à la croissance ») de 1972 et des idées de Serge Moscovici. Plutôt que de mener séparément les deux combats, féministe et écolo, elle a opéré dès 1974 la synthèse entre la dénonciation de l’exploitation de la nature par l’Homme et l’exploitation de la femme par l’homme. Au cœur de sa théorie écoféministe se trouve la dénonciation de « l’illimitisme de la société patriarcale », qui pousse tant à l’épuisement des ressources qu’à une « surfécondation de l’espèce humaine ». La surpopulation est donc, selon elle, la conséquence du « lapinisme phallocratique ». « C’est dans un contexte de mobilisation des femmes qui revendiquent le droit de disposer de leur corps que Françoise d’Eaubonne pose comme premier fondement de l’écoféminisme la reprise en main de la démographie par les femmes », explique Caroline Goldblum. Ainsi elle a défendu le droit à la contraception, à l’avortement, aussi bien que l’abolition du salariat et de l’argent, dans une logique de décroissance économique autant que démographique.
L’imagination comme seul pouvoir. En détournant le slogan iconique de mai 68 “l’imagination au pouvoir”, Françoise d’Eaubonne raconte à la fois les errements d’un mouvement auquel elle prit part mais dont elle dénonce immédiatement ou presque les impasses, l’absence de considération des pensées révolutionnaires qu’elle appelle du Désirant et du Refus, féministes et homosexuelles et la non remise en cause de la vicissitude fondamentale de notre structure sociale : Le pouvoir. Pour elle, tout mouvement révolutionnaire doit viser non pas le pouvoir mais la destruction de celui-ci. Le pouvoir pourrit l’imagination, or l’imagination est un pouvoir. Pour Françoise d’Eaubonne, l’imagination comme seul pouvoir, c’est revendiquer la nécessité d’engager nos imaginaires dans la lutte contre le système mâle. Il faut réinvestir et réinventer les mythes, s’emparer du pouvoir de la poésie, des mots, pour appréhender, et tordre, le réel. Renverser l’ordre établi passe par un renversement des imaginaires. Un pouvoir de l’imagination dont son œuvre visionnaire et l’inventivité de de sa praxis militante faite de happenings et d’action directe sont les reflets.
« Aucune victoire ne vaut la joie de s’évader du pied même de la potence. » Francoise d’Eaubonne
Nou artrouv’
David Gauvin
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Mézami, zot i koné finalman bann marmaye lékol La Rényon la fé zot rantré partou é mèm dann Sintandré, landroi bonpé téi panss la rantré nora été (…)
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