French Blue et Air France : menace mortelle sur Air Austral

4 novembre 2016, par J.B.

Si le projet de l’ancienne direction d’Air Austral n’avait pas été abandonné, les Réunionnais auraient déjà droit à des billets d’avion 30 % moins chers, sans subvention avec l’Airbus A380.

Lors de son conseil d’entreprise extraordinaire hier, Air France a annoncé le lancement d’une nouvelle compagnie. Si officiellement elle n’est pas une low-cost long courrier, l’objectif affiché y ressemble fortement. Le but de cette future filiale est de proposer des billets d’avion moins chers sur les lignes où Air France perd de l’argent, ou que la compagnie française prévoit de fermer. Cette annonce ne sera pas sans conséquence pour La Réunion.

En effet, l’arrivée de French Blue sur la ligne entre La Réunion et Paris est en train de tout bouleverser. En appliquant le concept inventé par Air Austral et Airbus mais refusé par la direction d’Air Austral mise en place par Didier Robert, French Blue met en vente des billets d’avion beaucoup moins cher que ses concurrents. La desserte sera quotidienne, à bord d’avions ultra-modernes, des Airbus A350, qui permettront un coût d’exploitation moins élevé. Il est donc clair que les vols quotidiens de la filiale d’Air Caraïbes vont prendre des clients à la concurrence. Corsair a annoncé vouloir aligner ses tarifs. Air France devra faire de même. Hier, elle a annoncé sa riposte.

La seule compagnie qui ne dispose pas de ces marges de manœuvre est Air Austral. Elle vient d’obtenir d’importantes aides publiques. C’est tout d’abord une augmentation de capital de 54 millions d’euros. Elle sera supportée par les contribuables réunionnais, car les actionnaires sont essentiellement des collectivités. C’est ensuite un cadeau fiscal de plus de 25 millions, qui sera financé par les contribuables français. Mais cette somme considérable risque de ne pas peser lourd quand French Blue se posera à La Réunion l’année prochaine et quand Air France déploiera sa filiale à bas prix au début de l’année suivante. Se posera alors la question de la survie d’Air Austral sur la ligne entre La Réunion et Paris, car d’autres concurrents frappent à la porte. Norwegian, compagnie low-cost long-courrier, s’est lancé à l’assaut des Antilles. La Réunion et les millions d’euros offerts par la Région Réunion pour subventionner les transporteurs au nom de la « continuité territoriale » ne doit pas laisser insensible ce spécialiste des vols à bas prix.

L’arrivée des compagnies low-cost long courrier à La Réunion fait peser une menace mortelle sur Air Austral. Car sa mise à l’écart de la liaison intercontinentale avec l’Europe ne peut que se traduire que par la suppression de nombreux emplois. Le repli vers les lignes régionales est en effet compromis par l’arrivée de Corsair sur la liaison La Réunion-Mayotte, où Air Austral détenait jusqu’à présent un monopole.

Cela permet de mesurer la responsabilité de ceux qui ont choisi de placer Didier Robert à la tête de la Région Réunion, car sa politique ne pouvait que stopper le projet d’Airbus A380 porté par Air Austral. Or cet avion permettait de faire baisser de 30 % le prix des billets d’avion pour tout le monde, toute l’année et sans subvention. Il serait déjà en service et aurait donc permis à Air Austral d’anticiper de plusieurs années la concurrence des compagnies low-cost long courrier. Cela aurait permis de renforcer la position d’Air Austral face à ses concurrents. Au lieu de cela, le choix d’une autre stratégie fragilise cette entreprise qui est considérée comme un fleuron de l’économie réunionnaise.

J.B.

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