French Blue montre que Paul Vergès et Gérard Ethève avaient raison

8 octobre 2016, par J.B.

Cette semaine, la compagnie French Blue a dévoilé ses tarifs pour la ligne La Réunion-Paris. Comme il fallait s’y attendre, les prix sont nettement moins élevés que la concurrence. Cela tient à plusieurs explications. La première est un mode d’exploitation différent. French Blue est une compagnie low-cost. La seconde est le type d’avion utilisé. French Blue transportera ses voyageurs dans des Airbus A350. Ce sera l’avion le plus moderne jamais utilisé à La Réunion. Il permet d’importantes économies de carburant, et donc un coût de production par passager moins élevé. Enfin, il est à noter que French Blue a une politique qui permet de répercuter sur le prix du billet la baisse des cours du pétrole, grâce à son contrat d’approvisionnement en carburant.

L’annonce de l’arrivée de French Blue suscitent divers commentaires. Certains disent qu’il y aura trop de transporteurs sur la ligne La Réunion-Paris. D’autres prédisent une guerre des prix. Quoi qu’il en soit, Air France devra s’aligner sur les prix de French Blue pour maintenir sa part de marché. Son volume lui permettra sans doute de le faire. Pour Air Austral, les choses sont différentes. Elle n’est pas une compagnie d’envergure mondiale. Il est clair qu’elle ne pourra pas baisser ses prix. Elle risque donc de voir une grande partie de ses clients choisir French Blue, non seulement à cause du prix mais aussi en raison du meilleur confort offert par un avion plus moderne.

La catastrophe qui s’annonce pour Air Austral est la conséquence de la décision de Didier Robert de casser le projet d’Airbus A380 lancé par Paul Vergès et Gérard Ethève. Le 11 novembre 2009, un Airbus A380 s’était posé à l’aéroport de Gillot. Cet acte faisait suite au partenariat entre Airbus et Air Austral. L’avionneur devait construire au moins deux avions capables d’embarquer 800 passagers. Air Austral devait créer une filiale, Outremer 380, chargée d’exploiter ces avions selon le modèle low-cost. Le prix du billet d’avion devait être 30 % moins cher toute l’année pour tout le monde, sans subvention.

Didier Robert a choisi de stopper le projet pour mettre en place un système de subvention pour les compagnies aériennes. Les personnes souhaitant voyager en France peuvent retirer un bon de réduction au siège de la Région Réunion ou dans une de ses antennes. La somme inscrite sur ce bon est ensuite déduite du prix du billet. C’est la Région qui paie la différence auprès de la compagnie aérienne qui transporte le bénéficiaire du bon. Le clientélisme d’une telle opération est clairement démontré. C’était un des arguments forts de la campagne électorale des dernières régionales de Didier Robert.

French Blue montre qu’en appliquant le projet conçu par Paul Vergès et Gérard Ethève, il est déjà possible de faire baisser nettement le prix du billet d’avion. Mais ce qui était prévu par les anciens dirigeants d’Air Austral permettait d’aller encore plus loin. Car l’Airbus A380 a un coût d’exploitation moindre que l’A350par siège, il aurait permis de transporter sur un vol deux fois plus de passagers.

Paul Vergès et Gérard Ethève avaient donc raison. Et la décision de Didier Robert pourrait se traduire par la disparition d’Air Austral de la ligne La Réunion-Paris, ce qui entraînerait la suppression de centaines d’emplois à La Réunion. Voilà où mène le clientélisme.

J.B.

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  • Bravo pour ses infos. Sur France inter, 98,8 M Hz, en semaine, le matin, à 7H20 ici, soit 5H20 à Paris, il y a quelques infos sur l’outre-mer en général, j’ai ainsi pu apprendre le projet de création d’une 4° compagnie aérienne pour relier la Réunion à la France.
    Air Autral + Corsair + Air France + XL Airwyas et donc French Blue, une filiale d’Air Caraibes, ça fait bien quatre. En 2017. Jadis, il y avait eu Minerve, Air Outre Mer, Air Liberté, Aéromaritime (filiale d’UTA), Point Air Mulhouse... Toute une histoire tout ça, un roman. J’ignorais que des A380 effectivement plus rentables surtout en version maxi offrant 880 places avaient été programmés et encore moins, que ce projet d’achat avait été supprimé. En fait, si on réfléchit bien, c’est comme pour le tram-train. On oublie, pour toujours ? Les bonnes idées créatrices d’emplois sont écartées, c’est bien dommage, et je n’oublies pas l’autre beau projet de rendre l’île autonome en énergie entre la houle, les alizés, le soleil tropical et bien sur la géothermie. Quel gâchis que de penser que l’on pollue la mer un peu plus, de jour en jour pour transporter du fioul du charbon que l’on fera bruler ici, dont polluer l’air un peu plus pour ensuite fabriquer de l’énergie électrique qui ensuite, une fois transportée servira à faire chauffer de l’eau dans des cumulus électriques ou des marmites à riz ! Où est la logique intelligente dans tout ça, le soucis de préserver les ressources épuisables de notre unique planète-Terre-Mère ? Qu’on me le dise. A voir, le documentaire français "Demain" qui fait réfléchir et réaliser que si on ne fait rien, on va tout droit à la cata !
    Arthur.
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