GIEC : après les constats place aux solutions

22 mars 2022, par David Gauvin

Ce lundi, 195 Etats commencent l’examen d’un nouveau rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur le climat de l’ONU, le GIEC. Troisième et dernier volet d’un bilan global sur l’état des connaissances scientifiques sur le changement climatique, ce nouveau rapport doit faire le point sur les solutions contre le réchauffement, dans un monde accro aux énergies fossiles, grandes émettrices de gaz à effet de serre et premières responsables de la hausse des températures.

Le 1er rapport intitulé « Climate Change 2021 : The Physical Science Basis » est une contribution du premier groupe de travail du GIEC portant sur les aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat dans le cadre de son 6ème rapport d’évaluation. Il dresse un état des lieux de la physique du climat, plus précis que jamais. C’est la première source des connaissances scientifiques les plus récentes sur l’évolution du climat dans le monde. Nous le savions, mais c’est dorénavant un fait établi par la science : l’activité humaine est la cause du réchauffement de l’atmosphère, de l’océan et des terres. Ce rapport le grave dans le marbre. Il démontre également que de nombreux dégâts causés par le dérèglement climatique sont désormais irréversibles, comme la montée du niveau des mers. A cela s’ajoutent des éléments supplémentaires potentiellement incontrôlables et encore mal connus : le ralentissement de la circulation de retournement en Atlantique nord potentiellement proche de son effondrement (très grand courant océanique transportant de l’eau chaude vers le nord), l’acidification massive des océans, la fonte du permafrost ou encore la fracturation de la calotte glaciaire de l’Antarctique. Autres conclusions frappantes : « chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude qu’aucune autre décennie précédente depuis 1850 ». « L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique et l’état actuel de nombreux aspects du système climatique sont sans précédent sur plusieurs siècles à plusieurs milliers d’années ».

Le deuxième volet du sixième rapport d’évaluation du Giec a été publié le 28 février 2022. Ces derniers travaux s’intéressent aux effets, aux vulnérabilités et aux capacités d’adaptation à la crise climatique. La première partie du rapport est consacrée aux effets actuels du réchauffement climatique (+1,09°C en 2021) sur les populations et les écosystèmes : Réduction de la disponibilité des ressources en eau et en nourriture (en Afrique, en Asie et dans les petites îles notamment) ; impact sur la santé dans toutes les régions du monde (plus grande mortalité, émergence de nouvelles maladies, développement du choléra), augmentation du stress thermique, dégradation de la qualité de l’air... ; baisse de moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales. Ces effets sont irrémédiables, même dans l’hypothèse d’une limitation de la hausse des température à 1,5°C comme fixé dans l’accord de Paris. Ils sont par ailleurs aggravés par la pauvreté ou l’accès limité à des services. D’ores et déjà, entre 3,3 et 3,6 milliards d’habitants vivent dans des situations très vulnérables au changement climatique. Les experts évoquent les incidences à venir pour les populations avec, en particulier, 1 milliard d’habitants des régions côtières menacés en 2050. Parmi les effets en cascade liés aux catastrophes naturelles de plus en plus rapprochées, le Giec évoque aussi les conséquences sur la production alimentaire, la hausse du prix des aliments ou encore la malnutrition…

Comment freiner le réchauffement de notre planète ? C’est l’objet du troisième rapport. Alors que le monde a déjà gagné 1,1 degré depuis le début de l’ère industrielle... Comment limiter les conséquences de cette hausse des températures qui se font déjà durement sentir avec la multiplication des canicules, sécheresses, inondations et tempêtes ? Le rapport de milliers de pages rédigé par des chercheurs du monde entier répond à ces questions. Il est examiné à huis clos par les pays membres de l’ONU. Un résumé destiné aux décideurs doit être divulgué dans deux semaines. Il proposera des solutions pour transformer chaque grand secteur responsable du réchauffement climatique (énergie, transport, agriculture, industrie, bâtiment), et sans aucun doute notre trop grande consommation d’énergies fossiles va être pointée du doigt... Un problème qui prend une nouvelle dimension dans le contexte de la guerre en Ukraine, au moment où sont rebattues les cartes de la consommation d’énergie dans le monde. Ce lundi, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a d’ailleurs averti que « l’addiction aux énergies fossiles nous conduit vers une destruction collective ». « Nous marchons les yeux fermés vers la catastrophe climatique », a déclaré Antonio Gutteres, « si nous continuons comme ça, nous pouvons dire adieu à l’objectif de 1,5°C. Celui de 2°C pourrait aussi être hors d’atteinte ».

D’après les experts, si le monde ne se décide pas très vite à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, il devra faire face à un déluge d’impacts inévitables et « parfois irréversibles » dans les décennies qui viennent. Les scientifiques plaident pour la protection et la restauration des écosystèmes, et notamment des forêts. Celles-ci doivent être gérées de manière durable, avec des espèces d’arbres diversifiées pour renforcer la résilience et faire barrage aux risques liés aux ravageurs, aux maladies ainsi qu’aux incendies de forêt. En ville, la végétalisation a aussi un rôle à jouer et peut participer au rafraîchissement. Limiter le changement climatique passe aussi par l’agriculture. Parmi les pistes envisagées : le développement de l’agroforesterie - qui consiste à associer arbres et cultures ou animaux sur une même parcelle, la diversification des cultures et l’agriculture urbaine. Les risques d’inondations sont accrus par le changement climatique. Le Giec préconise de développer les zones humides et les forêts, qui permettent de stocker l’eau et de ralentir son écoulement. Les zones humides côtières jouent également un rôle contre l’érosion des côtes. Dans le secteur agricole, les experts recommandent d’améliorer les systèmes d’irrigation ainsi que le stockage de l’eau. La diversification de la production d’énergie, notamment grâce aux énergies renouvelables, et la gestion de la demande (avec le stockage par exemple) peuvent réduire les vulnérabilités au changement climatique, souligne le rapport. Peu importe le secteur, ces solutions doivent être pensées par tous (société civile, secteur privé, gouvernants…), partout à travers le monde, avancent les experts. Pour eux, il est également primordial d’intégrer la lutte contre le réchauffement climatique dans tout nouveau projet : la construction d’un bâtiment ou le développement de transports par exemple. C’est pourquoi il est urgent de réunir la Conférence territoriale élargie qui sera la chambre de réflexion et de proposition pour permettre à notre société Réunionnaise de réussir la mutation profonde qu’elle doit faire.

« C’est d’âme qu’il faut changer, et non de climat. » Sénèque

Nou artrouv’

David Gauvin

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