Hier, on savait. Aujourd’hui, on sait.

25 janvier 2005

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C’était il y a une trentaine d’années. Au cours d’une conversation dans son bureau de la rue Pasteur à Saint-Denis, où nous parlions à la fois de la bataille du P.C.R. pour la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et de l’extermination du peuple juif par les nazis, Paul Vergès nous disait : "Si l’on veut être un citoyen de notre temps, on ne peut que se considérer comme un Noir et comme un Juif". Une façon pour le responsable politique réunionnais d’exalter le devoir de mémoire et de réparation à l’égard des victimes des deux plus grands génocides de l’Histoire.
Je repense à cette forte parole au moment où l’on célèbre le 60ème anniversaire de la libération des camps nazis. À cette occasion, plusieurs historiens soulignent que l’ampleur et l’horreur de la “shoah” étaient connues très tôt par les dirigeants des États alliés, mais qu’ils n’ont rien fait pour les arrêter. (voir en page 15)
De même, on savait du 17ème au 19ème siècle ce qu’il en était de la traite des Noirs et de l’esclavage dans les colonies européennes. Malgré cela, ce crime a perduré pendant près de deux siècles.
De même toujours, on a su très tôt au début des années 1990 dans les capitales européennes qu’un génocide était préparé puis mis en œuvre au Rwanda. Mais on a laissé faire, quand on n’a pas aidé les massacreurs.
Aujourd’hui - et depuis un bon moment -, on sait que six millions d’enfants meurent chaque année de malnutrition résultant du partage inégal des richesses de la planète, que le système libéral organise au profit d’une minorité. On sait. Et que fait-on ?

L. B.


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