Hold-up

18 novembre 2005

En ce moment fleurissent les publicités pour encourager le maximum de personnes à devenir actionnaires d’EDF, entreprise en cours de privatisation. Elles vantent les mérites d’un groupe leader dans l’énergie, avec des dizaines de millions de clients et d’importants bénéfices. Et d’expliquer que le sésame pour avoir droit à une part du “gâteau”, c’est d’acheter une partie du capital de l’entreprise en devenant actionnaire.
Ce raisonnement est tout de même étonnant. Jusqu’à la décision de l’actuel gouvernement de lancer la privatisation de l’entreprise, tous les citoyens en étaient les seuls propriétaires, puisqu’EDF était une entreprise détenue à 100% par l’État. Cela veut dire que même un érémiste pouvait se dire qu’il était propriétaire de droit d’EDF, puisqu’elle était un bien public, appartenant à la collectivité. On pouvait même dire qu’à chaque élection législative, le vote du citoyen déterminait la politique que devait ensuite mener l’entreprise publique.
Mais à l’heure où les inégalités s’accroissent, où les hauts-revenus voient leur contribution à la solidarité nationale diminuer au détriment des plus démunis, le gouvernement organise un nouveau hold-up en dépossédant les citoyens d’une entreprise comme EDF.
Car dorénavant, les citoyens ne sont déjà plus propriétaires de la totalité de l’entreprise, et même si la loi empêche pour le moment l’État de transférer la majorité des bénéfices de 50 ans de services publics vers le privé, il n’en demeure pas moins que cette protection est très fragile, ce qui est arrivé à France Télécom le montre. Et grande est la menace que dans quelques années, seule une petite minorité de nantis aura la propriété et le contrôle d’EDF qui ne sera plus un service public comme aujourd’hui. Mais ce hold-up ne se fait pas en silence, et une grande manifestation est prévue demain en France contre ce forfait.

Manuel Marchal


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